Moyen-Orient et Afrique du Nord : Une reprise fragile
La croissance dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord a été freinée par la réduction de la production pétrolière, les efforts d’assainissement des finances publiques et les conflits régionaux. En vertu d’un accord entre les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), la production pétrolière a diminué de plus d’un million de barils par jour au premier trimestre dans les cinq principaux producteurs de la région : Iraq, République islamique d’Iran, Koweït, Arabie Saoudite et Émirats arabes unis (les plus fortes réductions ont été effectuées par l’Arabie Saoudite). Les conditions de l’accord ont été plus strictement respectées que prévu.
Les membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) — Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie Saoudite et Émirats arabes unis — ont commencé à mettre en oeuvre des programmes visant à diversifier leurs activités en dehors de la production axée sur le pétrole. La croissance s’est renforcée dans certains pays exportateurs de pétrole non membre du CCG, tels que la République islamique d’Iran, où la levée des sanctions nucléaires en 2016 a créé une nouvelle dynamique.
Plus important pays importateur de pétrole de la région, l’Égypte poursuit depuis la fin de 2016 sa conversion à un régime de taux de change flottant qui a contribué à stimuler les exportations et la production industrielle du pays en début d’année. L’inflation s’est fortement accélérée en Égypte tandis que les pressions à la hausse sur les prix des denrées alimentaires ont contribué à l’accélération de l’inflation en Algérie et en République islamique d’Iran.
Perspectives : selon les projections, la croissance tombera à 2,1 % en 2017 dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, les effets négatifs de la réduction de la production de l’OPEP sur les pays exportateurs de pétrole l’emportant sur la modeste amélioration de la situation des pays importateurs de pétrole. La croissance devrait toutefois s’accélérer en 2018 pour atteindre 2,9 % dans l’hypothèse d’une atténuation des tensions géopolitiques et d’une hausse des cours pétroliers.
En Arabie Saoudite, plus grande économie de la région, le taux de croissance devrait descendre à 0,6 % sous l’effet de la diminution de la production pétrolière avant de rebondir pour atteindre 2 % en 2018. L’expansion économique de la République islamique d’Iran se tassera pour s’établir à 4% avant de reprendre un peu de vitesse et atteindre 4,1 % en 2018 : la quantité limitée de capacités de production pétrolière disponibles et les problèmes d’accès aux financements entravent la croissance du pays. L’activité économique algérienne devrait fléchir pour afficher un taux de croissance de 1,8 % dans un contexte d’assainissement budgétaire et de ralentissement de la croissance du secteur des hydrocarbures.
L’activité économique devrait s’améliorer dans les pays importateurs de pétrole. En Égypte, selon les prévisions, la croissance fléchira pour s’établir à 3,9 % durant l’exercice 17 (1er juillet 2016 – 30 juin 2017) principalement en raison de mesures d’ajustement budgétaire et de l’accélération de l’inflation. Ensuite, la croissance égyptienne devrait toutefois se renforcer de façon constante pour atteindre 4,6 % durant l’exercice 18 et 5,3 % durant l’exercice 19 grâce à un surcroît de compétitivité et à la mise en oeuvre de réformes destinées à améliorer le climat des affaires. D’après les prévisions, la croissance économique marocaine s’accélérera pour atteindre 3,8 % en 2017 et 3,7 % l’année suivante en raison de la reprise de la production agricole rendue possible par l’amélioration des conditions météorologiques et la mise en oeuvre de réformes. Pour des raisons similaires, la croissance tunisienne devrait se renforcer pour atteindre 2,3 % en 2017 et 3 % en 2018.
Risques : plusieurs risques pèsent sur les perspectives de croissance régionale, notamment les conflits géopolitiques, une hausse moins élevée que prévu des prix pétroliers et les entraves politiques et sociales à la mise en oeuvre de réformes en faveur de la croissance. Les tensions en matière de sécurité et les conflits qui sévissent en Iraq et en République arabe syrienne constituent de sérieux obstacles. Le conflit en cours en République du Yémen a causé des destructions, des famines et des déplacements de populations. Dans les pays membres du Conseil de coopération du Golfe, le risque souverain a certes diminué, mais l’incertitude engendrée par les conflits est un facteur de vulnérabilité pour ce groupe.
Une augmentation moins forte que prévu des cours pétroliers — que ce soit en raison de l’accroissement de la production américaine d’huile de schiste ou de l’application incomplète des réductions de production décidées par l’OPEP — réduirait la marge de manoeuvre budgétaire des pays exportateurs de pétrole et pèserait sur la confiance.
De surcroît, les obstacles politiques et sociaux pourraient amener des pays à faire marche arrière en matière de réformes économiques et à connaître de longues périodes d’ajustement.