La finance islamique pour résorber le déficit budgétaire de l’Algérie ?
Le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a récemment annoncé le lancement des produits de la finance islamique par deux banques publiques avant la fin de l’année.
Finance islamique : une solution pour résorber le déficit budgétaire ?
Après le lancement en grande pompe des premières banques participatives au Maroc, l’Algérie se prépare à l’introduction imminente des produits de la finance islamique dans le paysage bancaire. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a en effet annoncé la commercialisation de produits participatifs par deux banques publiques avant la fin de l’année 2017, suivies de quatre autres banques courant 2018. Pour beaucoup, cette décision fait écho à la volonté d’Alger de combler son déficit budgétaire en drainant les revenus de l’économie informelle mais aussi en se finançant sur les marchés financiers islamiques.
Al Baraka d’Algérie : la finance participative au début des années 1990
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la finance islamique n’en est pas à ses premiers balbutiements en Algérie. Au début des années 1990, la banque Al Baraka s’est essayée à l’exercice sans résultat notable dans un contexte marqué par l’absence d’un cadre juridique et réglementaire. Bien sûr, les évènements douloureux qui ont secoué le pays pendant la décennie noire n’ont pas favorisé le développement d’initiatives similaires. Aujourd’hui, seules quelques banques privées disposant de capitaux étrangers proposent des produits financiers participatifs (Algeria Gulf Bank, Al Salam Bank et Trust Bank).
Capter la population non bancarisée et maîtriser le secteur informel
Loin des dithyrambes fantaisistes de certains qui voyaient en la finance islamique la solution miracle aux contretemps actuels de l’économie algérienne, le gouvernement entend par cette initiative s’ouvrir sur de nouvelles opportunités et diversifier ses sources de financement en développant ce secteur. Plusieurs émissions souveraines de Sukuk devraient intervenir entre 2018 et 2022 dans le cadre des efforts du gouvernement pour combler son déficit budgétaire conséquent à la chute du prix du baril de pétrole et au recul des exportations.
En 2016, le FMI a estimé le déficit budgétaire algérien à environ 12,9% du PIB pour un montant global de 18 milliards de dollars. Pour la Banque d’Algérie, cet écart devra être comblé en partie dans l’économie informelle (20 milliards de dollars en circulation) mais aussi sur les marchés financiers. Le développement de la finance islamique devrait également permettre de toucher la population non bancarisée et de mobiliser plus généralement les ressources se trouvant en dehors du circuit bancaire.