Certains pensent que la page du printemps arabe est tournée. Je dirai que cette page n’est pas tournée parce que vous êtes en train de la vivre, de la faire vivre. Ce que vous montrez chaque jour c’est que la Tunisie est bien de retour, a déclaré, jeudi, le président Français Emmanuel Macron devant le parlement, au cours d’une séance plénière extraordinaire.
Il a salué la dynamique de la société civile, rappelant l’attribution du Nobel de la Paix au Quartet, qui fut un moment fort pour la Tunisie.
Le président Français a également rendu hommage aux hommes et femmes formant la société politique qui a construit une Constitution consacrant l’égalité homme-femme et instituant la liberté de conscience. « Vous avez conduit une révolution culturelle et vous l’avez réussi ».
Emmanuel Macron, a dans la foulée, salué les décisions du président Béji Caid Essebsi qui a enclenché un mouvement irréversible vers l’égalité des droits hommes femmes.
La Tunisie a réussi à installer un Etat civil et démontré, par cette révolution culturelle et politique, que Islam et démocratie sont compatibles contrairement à ceux qui sont persuadés que l’Islam est là pour régenter l’Etat.
« Vous avez par ce travail profond, construit un modèle unique et un exemple inédit. Certains y voient une anomalie (…) d’autres, voudraient voir une singularité (…) permettez moi d’y voir un espoir ».
Aujourd’hui, « le défi qui est le votre aujourd’hui est de transformer le printemps culturel et politique en un printemps économique et social, poursuivre ce travail et le faire vivre, changer la vie des Tunisiennes et des Tunisiens ».
Et d’ajouter « votre responsabilité est immense pour ne pas fragiliser ces acquis (…) vos réformes économiques et sociales sont indispensables ».
« La France fera tout ce qu’elle peut pour aider la Tunisie (…) comme on aide un frère ou une sœur », parce que nous avons une histoire, une langue et des vies en partage. Il a rappelé que près de 800 mille tunisiens sont établis en France, en plus des binationaux et de millions de concitoyens en partage.
« La France ne peut avoir d’autres volonté que celle de voir la Tunisie réussir ».
Abordant les relations de coopération, Macron a notamment insisté sur la lutte conjointe contre le terrorisme à travers l’amélioration des échanges des informations au sujet des terroristes de retour.
Les Etats-Unis d’Amérique et l’Europe ont une responsabilité dans la dégradation de la situation en Libye et son impact direct sur la sécurité en Tunisie, a reconnu le président Français, soulignant que la France, œuvrant avec la Tunisie, s’engage pour un règlement pacifique de la crise libyenne. Le souci pour la France étant, a-t-il tenu à souligner, de soutenir les choix souverains et d’aider à la préservation ou à la construction de modèles pluralistes.
Sur le volet éducatif, Macron a assuré que la France appuiera le choix fait par la Tunisie dès l’indépendance de miser sur l’éducation. Il a parlé d’un partenariat renforcé dans le domaine de l’enseignement supérieur qui sera concrétisé par l’université franco-tunisienne pour l’Afrique la Méditerranée qui ouvrira ses portes en 2019 pour faire de la Tunisie un lieu de référence où les élites des différents pays africains et méditerranées auront à converger.
La francophonie n’est pas un projet français, c’est une culture en partage entre les pays de la Méditerranée.
Il a affirmé que la France appuiera l’idée d’accueillir la francophonie en 2020.
La première alliance française sera inaugurée à l’occasion de la visite du président Macron. Six autres alliances seront ouvertes durant la même année pour redonner plus de dynamique à la langue française. Il a souligné que la France mobilisera les investissements nécessaires pour renforcer l’apprentissage de la langue française.
Sur un autre plan, le président français a soulevé la question des passeurs des voyageurs clandestins qui ont transformé la Méditerranée en un « cimetière des espoirs ». Démanteler les réseaux de ces trafiquants du bonheur est pour le président français un défi que nous devons relever ensemble.
Sur un tout autre registre, Emmanuel Macron a affirmé que la France fera tout pour qu’il y ait dans les prochaines années une issue heureuse au conflit israélo-palestinien. « Mais, elle le fera en considérant que cette issue ne peut venir que d’un dialogue entre les Israéliens et les Palestiniens, qu’elle est possible que s’il y a une reconnaissance de deux Etats libres avec, chacun, pour capitale Jérusalem et avec des frontières reconnues ».
« Ceux qui pensent qu’on peut régler, parfois depuis l’autre côté de l’Atlantique, le conflit israélo-palestinien se trompent ».
TAP