Le message de M. Ali KLEBI, Président Directeur Général Fondateur de VITALAIT
« Je ne suis fondamentalement pas un homme d’affaires, je suis un homme de développement ».
Chez Vitalait, dans leur salle de réunion… Monsieur Ali KLEBI, PDG Fondateur de VITALAIT nous reçoit avec beaucoup de gentillesse et répond à nos questions.
TanitJobs : Monsieur KLEBI, merci de nous recevoir. Nous aimerions en savoir un peu plus sur vous. Vous êtes un homme discret, mais pour Tanitjobs, pouvez-vous nous parler de votre carrière ?
Ali KLEBI : Je suis un homme âgé de 67 ans, originaire de Chebba, et en fait, je suis ingénieur en agronomie. J’ai enseigné à l’INAT (Institut National de l’Agronomie Tunisien) de 1977 à 1982. Je passai ensuite à une société agricole filiale de la STUSID durant quatre ans avant de rejoindre la première centrale laitière en Tunisie, LAINO, que je dirigeais de 1986 à 1997.Cette belle aventure dont je garde un excellent souvenir, me permettait d’acquérir une expérience et une expertise dans le management laitier… En 1998, désirant retourner à mes racines mahdoises, je décidais de profiter un maximum de mon expérience dans le lait et créais donc ma propre centrale laitière à Mahdia : VITALAIT était né ! Avec mon épouse, nous avions pris un risque dans le sens où nous avions vendu notre patrimoine pour créer VITALAIT… Mais nous n’avions pas peur : fort de mon expérience réussie chez LAINO, du soutien de mon épouse et de mon réseau, l’entreprise parvenait à dégager des résultats satisfaisants en moins de deux ans.
« Pour moi, VITALAIT est l’un de mes enfants et j’en parle toujours avec beaucoup d’émotion et de fierté »
TanitJobs : Bravo, vous annoncez ma prochaine question… Racontez-nous cette merveilleuse histoire de Vitalait qui s’est hissé au cours de toutes ces années, au rang de second acteur tunisien, derrière Délice Danone, sur le marché du lait et du produit frais.
Ali KLEBI : Pour moi, VITALAIT est l’un de mes enfants et j’en parle toujours avec beaucoup d’émotion et de fierté. En 20 ans – nous fêtons le 20ème anniversaire de VITALAIT le 8 décembre prochain – avec toutes nos équipes et tous nos partenaires, qu’ils soient fournisseurs, actionnaires ou financiers, nous avons su ensemble, pas à pas, construire ce qu’est maintenant devenu VITALAIT. Les chiffres parlent par eux-mêmes : nous sommes passés d’un investissement de 9MTND au lancement de VITALAIT à 120 MTND, notre production journalière est passée de 50 000 litres de lait à 600 000, nos chiffres d’affaires se sont envolés de 10 MTND à 300 MTND et nous comptons plus de 800 collaborateurs, nous avions commencé avec une centaine. Depuis 1998, notre croissance annuelle est à deux chiffres.
« Notre succès nous a emportés beaucoup plus loin »
TanitJobs : Qu’en est-il de vos parts de marché ?
Ali KLEBI : Nous détenons environ 20% sur les produits frais et 30% sur le lait. Nous offrons de très nombreux produits à nos clients qui reconnaissent la qualité supérieure de goût de notre lait. En 1998, je voulais faire de VITALAIT une entreprise à taille régionale, mais notre succès nous a emportés beaucoup plus loin… Tuninvest, maintenant Africinvest, nous avait alors approchés et notre consolidation a commencé… Ce progrès s’est construit tranquillement, sans aucune turbulence.
« Nous sommes fiers du capital confiance et sympathie que les Tunisiens nous accordent »
TanitJobs : VITALAIT est-elle une entreprise familiale appartenant aux KLEBI ?
Ali KLEBI : Pas du tout, et c’est ce qui étonne bon nombre de mes amis. Je ne possède que 10% de cette entreprise que j’ai fondée et qu’avec nos équipes, nous avons fait grandir. La majorité du capital appartient à des partenaires industriels suisses et espagnols. Une partie du capital est également détenue par des centrales agricoles tunisiennes. Le reste est partagé entre moi-même et des amis qui avaient investi avec moi.En fait, nous restons très proches de nos clients qui pensent plutôt que nous sommes une entreprise familiale… Nous sommes fiers du capital confiance et sympathie que les Tunisiens nous accordent.
TanitJobs : Vous considérez toujours VITALAIT comme la prunelle de vos yeux ?
Ali KLEBI : Oui, tout à fait, et notre famille y est très attachée. Mon fils Moez Klebi, âgé de 38 ans, assumera, dès décembre 2018, les fonctions de Directeur Général de VITALAIT et j’en deviendrai le Président du Conseil d’Administration. Nos partenaires suisses et espagnols ont validé ces nominations.
TanitJobs : Parlons maintenant de votre positionnement à l’étranger et de votre export.
Ali KLEBI : En fait, notre objectif est de continuer à développer nos chiffres et notre production locale avant tout. Depuis 2011, nous avons développé notre activité export vers la Libye, pays proche. En six heures, nos camions étaient à la frontière et le lendemain, nos produits étaient sur le marché. Au vu de la situation libyenne, nous avons temporairement arrêté d’y acheminer nos produits. Comme je le disais, le marché local est important pour nous, car nous savons que nous pouvons encore nous y développer et augmenter nos parts de marché. Pour cela, nous sommes en train de penser à la construction d’une troisième unité qui ne se trouvera pas forcément à Mahdia…
« Pour moi, c’est l’humain le plus important… »
TanitJobs : Merci d’avoir défini vos objectifs à court et moyen terme, j’allais vous les demander. Passons au volet des ressources humaines. Je sais que vous y attachez une grande importance…
Ali KLEBI : Oui, tout à fait, car pour moi, c’est l’humain le plus important… Les entreprises grandissent de par la qualité de leurs équipes, avant celle de leurs machines ! Depuis la création de VITALAIT, souvent en suscitant des questionnements de mes proches collaborateurs, j’ai placé notre personnel au top de nos préoccupations. Nos employés reçoivent l’équivalent de 16 mois de salaires, ils ont droit à une assurance groupe et nous les accompagnons dans tous les évènements importants de leur vie : mariage, premier enfant, rentrée scolaire, ramadan, Aid… Toutes ces aides correspondent à un presque dix-septième mois ! Il est normal pour nous de le faire, car le partage fait partie de notre ADN. Depuis le début de VITALAIT, nous faisons le maximum avec nos partenaires sociaux – syndicats, commissions paritaires – pour préserver le meilleur climat social possible en établissant un dialogue constant. Un autre exemple : depuis la création de VITALAIT, nous n’avons jamais augmenté le prix du ticket de la cantine qui est resté au prix devenu symbolique de 1 DT.
« Je me déplace personnellement dans ces écoles pour veiller à ce que nos actions soient pérennes et efficaces »
TanitJobs : Hormis votre souci de placer vos employés en tête de liste de vos préoccupations, la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE) est aussi au cœur de vos actions.
Ali KLEBI : Exactement. Nous voulons être exemplaires et altruistes. Nous sommes une entreprise responsable et citoyenne. Nous respectons nos clients, nos fournisseurs, notre environnement et notre communauté. VITALAIT soutient, avec l’aide de mon épouse, l’association La Voix de l’Enfant qui s’assigne la mission de prendre en charge des nourrissons, sans soutien familial, abandonnés ou nés hors mariage. Nous accompagnons ces enfants sur le plan de la santé, de la nourriture, de l’hébergement, des loisirs jusqu’au moment où ils trouvent des familles d’adoption ou d’accueil. Nous parrainons également quatre écoles, situées dans des villages autour de Mahdia, je me déplace personnellement dans ces écoles pour veiller à ce que nos actions soient pérennes et efficaces. Par ailleurs nous veillons à ce que 50 familles précaires, obtiennent une pension qui les aide dans leur quotidien.Les financements de ces actions sont prélevés sur nos bénéfices et nous sommes heureux chez Vitalait de soutenir le tissu social local. Sur le volet environnemental, idem, depuis longtemps, nos équipes sont formées aux bonnes pratiques, et nous utilisons pour nos paquets de lait en carton des emballages certifiés FSC ™ qui assurent à nos produits un profil environnemental de pointe.
« Une entreprise stable se construit brique après brique »
TanitJobs : Pour terminer, quelle serait votre conseil à un ou une jeune Tunisien(ne) qui voudrait démarrer son propre projet ?
Ali KLEBI : Je recommanderai la patience et la modestie… En effet, une entreprise stable se construit brique après brique, pas après pas. Commencer petit et grandir à sa vitesse et selon les besoins du marché est, je pense, le secret de la réussite !
Propos recueillis par Erich Alauzen