LEADERSHIP féminin, celui de demain ? oui… mais d’abord se prouver et se réinventer au quotidien !
De retour de Casablanca où notre compatriote Fériel Berraies été conviée à animer la conférence relative au lancement de l’Association WIMEN ( Réseau international des femmes dirigeantes et leaders) avec ses deux consœurs marocaines Najat Mjid et Sanae Lahlou, une magnifique occasion offerte par la Présidente de WIMEN laila Al Andaloussi et toute sa team au féminin. C’était le 24 janvier au Hyatt Regency de Casablanca devant un parterre de femmes actives et corporate, désireuses d’échanger et de partager leur vision du leadership féminin.
Une occasion pour cette association aussi de signer son premier partenariat avec Technopark, Casa en la présence de la directrice Générale Lamiae Benmakhlouf.
Fériel Berraies à accepté de répondre à nos questions.
3 parcours, 3 terrains : la médecine engagée, l’activisme humaniste, et la sphère corporate
Des femmes inspirantes étaient là pour parler de leur expérience et de leur vision.
Loin des préjugés et des blocages, ces trois parcours ont pu démontrer justement que les femmes disposent de formidables moyens de développement et qu’il n’est que question de courage et de persévérance pour arriver à se tailler une place dans le milieu si hautement masculin du milieu de l’entreprise. Des femmes qui ont réussi à casser les « plafonds de verre » celui surtout des mentalités.
Une réalité du terrain qui rend cependant le monde de l’entreprise parfois aléatoire pour les femmes
Dans le monde du travail, du Nord au Sud, on constate de plus en plus que la précarité professionnelle est omniprésente chez les femmes. CDD, missions en intérim, temps partiels : elles sont très nombreuses à occuper des emplois précaires ou faiblement rémunérés. Il en ressort une construction professionnelle plus fragile qui les handicape quand elles se retrouvent au chômage ou qu’elles cherchent à se réorienter. À partir de 45 ans c’est plus compliqué par ex, en plus elles sont normalement mères et à charge des enfants, ce qui fait qu’elle a aussi beaucoup de contraintes.
Face à la crise financière mondiale et les remous sociaux et professionnels il faut se remettre à jour continuellement
C’est en tout cas la perception de Fériel Berraies qui est spécialisée et est experte dans la question genre en France « pour les femmes il faut se repenser, se renouveler, se transformer » dixit d’ailleurs une loi des quotas qui avait été votée en France comme ce que l’on fait par ex avec la loi Copé qui impose 40% des femmes dans les conseils d’administration » nous explique t elle
Nous n’avons pas le choix que de légiférer et dans les pays du Nord, c’est devenu une nécessité.
Cela pourrait être un formidable levier pour permettre d’inscrire certaines femmes aussi comme des facilitatrices auprès de tous ces présidents d’entreprise. Pourquoi ne pas tenter l’expérience dans le Sud ?
Pourquoi cela semble si difficile de trouver des « femmes » pour les postes de haut rang ?
Au départ, certains PDG peuvent se sentir contraints, opprimés avec la certitude de ne pas trouver les profils féminins requis. Sur le terrain, il est clair que les rares femmes qui arrivent à se hisser à ces postes et elles sont rares, ex les administratrices légendaires que l’on retrouve en France, deviennent saturées de demandes, du coup il y a aussi la contrainte des voir que des quotas risquent d’assoir des femmes « incompétentes.
Attention aux quotas qui peuvent asseoir des femmes incompétentes !
Ce serai le côté pervers et certains hommes n’attendent que cela, avance Fériel Berraies.
Il faudrait créer des bases de données avec des compétences féminines listées
Pour approcher des femmes sur des critères précis, des parcours internationaux, des cursus attendus, et des résultats obtenus.
Il faudrait coacher les femmes, les former et les initier sur les outils de communication ex le numérique
Le leadership n’est pas instinctif, cela s’apprend, il faut apprendre aux femmes ces valeurs. D’abord elles doivent apprendre à mieux se vendre et aujourd’hui le numérique est une solution. Pour cela il faut coacher les femmes à avoir aussi une posture aussi très tournée vers le travail numérique et les réseaux sociaux. Elles doivent tenir compte de l’évolution des métiers. Ce n’est pas facile, car il faut beaucoup de discernement et ce n’est donné à tout le monde. Il faut rester très précis sur les évolutions du marché de l’emploi.
Les accompagner dans leurs projets aussi
Il y a des outils de développement personnel comme le coaching la sophrologie spécialisée en Entreprise
Des thérapies comportementales avec du développement personnel, du coaching, de l’accompagnement, de la formation de ces femmes. On pourait aussi des enquêtes auprès des entreprises, des DRH, des cabinets de recrutement, pour bien les orienter et les préparer à postuler etc
Pour la création d’entreprise
On peut assister les femmes avec des femmes pros bénévoles qui vont donner un peu de leur temps pour les accompagner à toutes les étapes de leur projet d’emploi, et c’est important qu’elles ne soient pas livrées à elles-mêmes .
Les femmes coutent moins cher à l’Entreprise !!
ll y aurait selon certaines études un rapport de 1 à 3 entre ce que demandent un homme et une femme pour un même projet. Des chiffres l’attestent quand il s’agit de financement, la femme est plus raisonnable moins dépensière, mais elle sera moins ambitieuse. Elle se limite encore une fois.
Défendre la mixité garante d’une société en progrès du NORD AU SUD c’est kif kif
La société a besoin des deux sexes dans une harmonie et égalité productrice de valeurs, d’enrichissement et de performance.
La trop grande humilité des femmes et le manque de confiance sont souvent un frein
Les femmes ne savent pas se mettre en avant. Pour cela il faut d’autres femmes qui vont faire le métier de chasseuses de talents pour justement défendre la richesse de la mixité et non pas à tout prix la présence unique des femmes.
Les discriminations ont la peau dure, ah bon et pourquoi ?
Le sujet touche autant les hommes que les femmes. Mais pour les femmes cela reste toujours compliqué car à un moment donné elles sont trop jeunes puis ensuite elles vont avoir des enfants et ensuite, elles sont trop vieilles. La fenêtre de tir est très limitée. Heureusement certaines parviennent à faire fi d’un grand nombre de préjugés et tracent leur voie. L’audace est souvent bien perçue !
L’ennemi de la femme est surtout la femme !
Il faut retravailler le regard des femmes envers elles-mêmes, qu ‘il faudra recadrer. Il faudra encourager certaines réglementations en ce sens, il faut que les COMEX ( comités exécutifs) soient diversifiés maintenant avec plus de femmes, en France on l’a bien fait sur les conseils d’administration. Qu’est ce qui nous empêcherait de le faire sur les Comités exécutifs ?
Des blocages bien huilés toutefois
Il faut le reconnaitre, ces freins ces blocages sont tenaces car certains patrons ne veulent pas que l’on vienne s’immiscer dans leur gestion au quotidien.
Mais le vrai sujet reste l’égalité salariale. En France par ex on est passé de 30 % d’inégalités à 15%. C’est un vrai sujet. La RSE des groupes s’est emparée du sujet, ce qui laisse présager une amélioration de cette injustice intolérable. En Tunisie cette problématique est heureusement moindre.
Les mentalités et les inerties, ouste à la porte
Le blocage vient surtout des mentalités, les stéréotypes, mais aussi les femmes elles-mêmes. Elles sont souvent leur propre victime et sont très mal à l’aise avec les questions d’argent les concernant.
Oui une masse critique peut faire bouger les choses
D’où l’importance des réseaux et des forums de femmes, car le regard critique change quand on n’est pas toute seule et que l’on est un minimum trois cad 30 % (en dessous de 30 % cela reste compliqué) il y a une force qui se construit quand on est à plusieurs. S’il faut légiférer la dessus, il ne faut pas hésiter.
Des endroits déserts pour les femmes et qu’il faut peupler
Dans les domaines de la technologie, dans le numérique il n y a pas de femmes et c’est une catastrophe. Les femmes s’autocensurent bêtement, elles se disent que ce n’est pas pour elles. Le 2e phénomène et il rejoint cette idée, c’est qu’il faut absolument libérer les femmes en amont et ça se fait à l’école, et au collège. Il faut travailler sur les mentalités et ça se fait dès l’école !
Apprenez à vous vendre !
Les femmes sont sur un registre d’efficacité plus que sur le réseautage, mais le réseautage reste crucial mesdames, il faut savoir réseauter dans cet univers entrepreneurial. S’il faut couper la parole aux hommes, car c’est comme ça qu’ils procèdent avec vous mesdames alors n’hésitez pas à le faire comme eux.
Restez féminine mais ferme
Il le faut tout en gardant sa féminité, ce n’est pas incompatible. Les femmes doivent apprendre à réseauter, et même s’il y a une charge mentale de la famille, et que la vie domestique n’aide pas. Et que vous êtes rattrapée par le quotidien, il le faut.
Mais il y a de l’espoir avec la nouvelle génération
La nouvelle génération X Y Z change les mentalités, modifie les règles du management, l’entreprenariat se développe, le monde bouge de façon spectaculaire et c’est bien. Reste le plafond de verre qui doit s’adoucir et pour cela les quotas doivent être appliqués à bon escient. Mais quand la loi des quotas n’est pas appliquée, les sanctions ne sont pas encore appliquées non plus. Quand est ce que le monde du travail cessera de se passer de 50% de la population !
Retrouvez les conseils de Fériel Berraies chercheur, thérapeute et activiste
Fériel Berraies Guigny sera à Tunis du 20 février au 5 mars pour animer ces ateliers en Sophrologie et Entreprise pour de grands groupes et pour le compte de l’IIFE TUNISIE.