France: le déficit budgétaire réduit de 0,3%

Date:

En 2018, d’après la première estimation de l’INSEE, le déficit budgétaire français s’est réduit de 0,3 point par rapport à 2017, s’établissant à 2,5% du PIB. Il s’agit d’une bonne surprise par rapport à la cible de 2,7% du gouvernement. Prélèvements obligatoires et dépenses publiques ont vu concomitamment leur poids dans le PIB légèrement diminuer (-0,2 et -0,4 point, respectivement). A défaut de baisser, le ratio de dette publique cesse d’augmenter pour la première fois depuis 2007. En 2018, il se stabilise à 98,4% du PIB. A la faveur du chiffre meilleur que prévu pour 2018, le dérapage, ponctuel, du déficit budgétaire au-delà de la barre des 3% de PIB en 2019 devrait rester contenu.

En 2018, d’après la première estimation de l’INSEE, le déficit budgétaire français s’est réduit de 0,3 point par rapport à 2017, s’établissant à 2,5% du PIB. L’amélioration est moindre qu’en 2017 (-0,7 point) mais elle se poursuit : c’est une bonne surprise pour le gouvernement qui s’était fixé comme objectif un déficit de 2,7% du PIB en 2018.

Les années de réduction du déficit se suivent mais ne se ressemblent pas En 2018, le déficit budgétaire se sera amélioré pour la neuvième année d’affilée, ce qui est inédit. Depuis le record de 2009, le déficit est passé de 7,2% du PIB à 2,5% en 2018, soit près de -5 points en neuf ans. La réduction moyenne est de 0,5

Graphique 1 – Source : INSEE

France : déficit budgétaire et dette publique

point par an mais elle masque une grande irrégularité selon les années, en termes d’ampleur et de nature de la baisse (cf.graphique 2). L’essentiel de l’amélioration s’est fait en début de période, même si 2017 est aussi une année de baisse marquée du déficit. Un peu plus de la moitié de la réduction du déficit est de nature structurelle, l’effort étant concentré sur le début de période (2011-2013 plus exactement). Depuis 2014, il n’y a pas eu de réel effort supplémentaire de réduction du déficit structurel primaire, hormis en 2017. L’amélioration du déficit global est donc essentiellement de nature conjoncturelle. A noter que, de 2012 à 2016, la réduction du service de la dette a significativement facilité la tâche, expliquant environ la moitié de la baisse du déficit sur cette période (0,8 point sur 1,7). En 2018, la décomposition du déficit est une estimation préliminaire, l’ensemble des données n’étant pas disponibles. Son amélioration de 0,3 point serait essentiellement conjoncturelle (à hauteur de 0,2 point). Au final, l’image qui se dégage est celle d’un déficit qui certainement se réduit mais qui le fait lentement.

Graphique 2 – Sources : INSEE, Commission européenne

La réduction du déficit en 2018 a pour autre particularité de s’appuyer sur une baisse concomitante du poids des prélèvements obligatoires (PO) et des dépenses publiques dans le PIB (de 0,2 et 0,4 point, respectivement). Avec le bénéfice du recul, la période 2013-2014 apparaît ainsi comme un tournant, marquant le point culminant du poids des dépenses publiques (57,2% du PIB en 20142) et des prélèvements obligatoires (44,9% du PIB en 2013). On observe depuis une stabilisation, voire un recul, qui reste, toutefois, dans l’épaisseur du trait (cf. graphique 3). Mais le gouvernement a l’intention de poursuivre le mouvement : il a pour objectif une baisse de 3 points sur le quinquennat du poids des dépenses publiques (hors crédits d’impôts) et de 1 point du poids des PO.

2018 pourrait aussi marquer un tournant en ce qui concerne le ratio de dette publique. D’après la première estimation de l’INSEE, il s’est stabilisé à 98,4% du PIB. A défaut de baisser, ce ratio a au moins cessé d’augmenter, pour la première fois depuis 2007. De plus, en 2019 et 2020, une diminution est envisageable : sur la base de nos prévisions de taux d’intérêt (virtuellement inchangés), de croissance nominale (3% et 2,7%, respectivement) et de déficit primaire (-1,4% et -0,2% du PIB, respectivement), le ratio de dette publique baisserait d’environ 1 point en 2019 et de près de 2 points en 20203. Il ne s’agit que de prévisions et leur résultat ne peut être tenu pour acquis.

Mais la probabilité d’une baisse du ratio de dette est tout de même élevée compte tenu des efforts déjà réalisés de réduction du déficit primaire combinés au niveau très bas des taux d’intérêt, très en deçà de la croissance nominale4. En 2019, le déficit serait supérieur mais proche de 3% Le déficit étant plus faible que prévu en 2018, son dérapage, ponctuel, au-delà de la barre des 3% en 2019 devrait rester contenu. Pour rappel, ce dérapage prévisionnel repose sur une histoire en deux temps :

1/ D’abord, le coût budgétaire de la transformation du CICE en baisse de charges, estimé à environ 1 point de PIB, 2/ Ensuite, le coût budgétaire du plan de soutien au pouvoir d’achat des ménages modestes, annoncé le 10 décembre 2018 en réponse au mouvement des « gilets jaunes » et totalisant près de EUR 11 mds, soit 0,5 point de PIB, et qui fait refranchir au déficit la barre des 3% en 2019.

Mais, désireux de limiter le dérapage, le gouvernement s’est employé à dégager près de EUR 4 mds de mesures de financement. Sa nouvelle cible de déficit pour 2019, établie dans la loi de finances 2019 adoptée le 28 décembre 2018,est de 3,2%. La cible pour 2018 a été aussi, au passage, rehaussée, à 2,7%. Ces nouvelles prévisions de déficit reposent sur les mêmes prévisions de croissance que le PLF 2019 (1,7% en 2018 et 2019) mais sur un ajustement structurel ramené à zéro les deux années, au lieu de +0,1 et +0,3 point auparavant.

Sur cette base (déficit de 2,7% pour 2018, ajustement structurel nul en 2019), combinée à notre prévision de croissance nettement plus basse pour 2019 (1,2%), notre propre prévision de déficit pour 2019 s’élevait à 3,4%. Le résultat meilleur que prévu pour 2018 contribue à abaisser mécaniquement cette prévision à 3,2%5.

Du côté du gouvernement, une révision de sa cible de déficit pour 2019 est aussi à l’étude. Mais elle devrait être d’ampleur limitée, l’effet positif du meilleur chiffre pour 2018 étant
contrebalancé par l’effet négatif de la révision en baisse inévitable de sa prévision de croissance pour 2019. Selon des déclarations récentes du ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, cette nouvelle prévision de croissance serait de 1,4%. Sur cette base et en supposant également que le gouvernement maintienne sa prévision d’un ajustement structurel nul, nous estimons à 3,1% sa nouvelle cible de déficit pour 2019.

Graphique 3 – Source : INSEE

Cette prévision est évidemment sensible aux hypothèses qui la sous-tendent. Le tableau ci-dessous l’illustre en montrant combien le déficit s’éloigne ou se rapproche du seuil des 3% en fonction de la prévision de croissance réelle et d’ajustement structurel. La limite de cet exercice est qu’il est réalisé à « service de la dette inchangé » mais c’est une variable qui devrait peu bouger cette année et donc avoir une incidence mineure. A titre d’illustration toutefois, nous avons inclus une ligne supplémentaire faisant varier le déficit en fonction de différentes hypothèses de service de la dette (autour de notre hypothèse centrale à 1,82% du PIB et par pas de 0,02, soit la variation (négative) observée entre 2017 et 2018), dans le cas où la croissance est de 1,4% et l’ajustement structurel nul. Il ressort aussi de ce tableau un message relativement positif : un maintien du déficit à 3%, voire juste sous cette barre en 2019, tout en restant un scénario peu probable, revient dans le champ des possibles.

Le gouvernement pourrait aussi faire le choix de conserver sa cible de 3,2% de déficit6 de manière à pouvoir financer les probables nouvelles mesures de soutien qui seront issues du Grand Débat National. D’après nos calculs, en retenant la supposée nouvelle prévision de croissance du gouvernement (1,4%), dont il faut avoir à l’esprit le caractère encore relativement optimiste, ces mesures de soutien pourraient atteindre au maximum EUR 5 mds. Ce montant pourrait toutefois être accru si de nouvelles mesures de consolidation étaient également prises, ce qui semble probable. Nous devrions connaître le verdict, ou au moins des éléments de réponse, d’ici à une dizaine de jours à l’occasion de l’envoi à la Commission européenne du nouveau Programme de stabilité de la France, prévu le 10 avril, tandis que les premières conclusions du Grand Débat sont attendues miavril.

France : scénarios de déficit
Niveau en 2019 du déficit budgétaire (en % du PIB), selon différentes hypothèses de croissance réelle et d’ajustement structurel.

*Prévision BNP Paribas ** estimation BNP Paribas de la prévision du gouvernement
Les zones bleutées correspondent aux cas où le déficit est inférieur ou égal à 3%.

Niveau en 2019 du déficit budgétaire (en % du PIB), selon différentes hypothèses de service de la dette dans le cas d’une croissance réelle de 1,4% et d’un ajustement structurel nul.

* Prévision BNP Paribas : niveau de 2018, inchangé en 2019

Partager l'article:

Articles Recents

S'abonner

VIDÉOS SPONSORISÉES
VIDÉOS SPONSORISÉES

00:00:30

OPPO Reno12 : L’Alliance Parfaite entre Design, Intelligence Artificielle et Performance

Les séries Reno12 d'OPPO marquent une avancée significative dans le domaine de la photographie mobile grâce à l'intégration poussée de l'intelligence artificielle.
00:02:15

Abdelaziz Makhloufi, PDG de Cho Group, met en lumière l’excellence de l’huile d’olive tunisienne sur BFM Business

Fort de son expertise reconnue dans le secteur oléicole, Abdelaziz Makhloufi, Président-directeur général du groupe Cho, a saisi l'opportunité de l'émission BFM Business pour promouvoir l'huile d'olive tunisienne à l'échelle internationale.
00:00:32

Lancement du nouveau Huawei Nova Y61

Huawei Consumer Business Group annonce le lancement du HUAWEI nova Y61, le plus récent smartphone de la série HUAWEI nova Y.

CONTENUS SPONSORISÉS
CONTENUS SPONSORISÉS

Ramadan : Un Mois Propice pour rompre avec la cigarette

Le mois sacré de Ramadan offre une opportunité unique pour ceux qui désirent se libérer de l'emprise de la cigarette.

OPPO A78, le nouveau smartphone bientôt en Tunisie

OPPO, la marque leader sur le marché mondial des appareils connectés, vient d’annoncer l’arrivée sur le marché tunisien de son dernier smartphone A78, à partir du 1er septembre 2023.
00:03:27

OPPO Tunisie lance les nouveaux smartphones Reno8 T 4G, Reno8 T 5G, un design élégant et une fluidité totale

OPPO vient d’annoncer le lancement, en Tunisie, de ses derniers modèles de smartphones de la série Reno, les nouveaux Reno8 T et Reno8 T 5G, avec une offre spéciale durant tout le mois de mars 2023.

Oppo consolide sa position et met en avant la nouvelle technologie de son Reno7

OPPO, la marque internationale leader dans l’industrie des smartphones et des objets connectés, a développé ces dernières années sa position et ses activités en Tunisie, dans le cadre d’une extension sur les marchés de la région Moyen Orient et Afrique.

A lire également
A lire également

La Tunisie célèbre la IXe Semaine de la Cuisine Italienne : les pâtes au cœur de la Méditerranée

La Tunisie célèbre les saveurs de l'Italie ! Rejoignez-nous pour la Semaine de la Cuisine Italienne et découvrez les liens culinaires entre les deux pays. Au menu : dégustations, ateliers, et une masterclass exceptionnelle sur les pâtes.

Tunisie : Une nouvelle ère pour l’investissement grâce à la plateforme numérique

La Tunisie lance une plateforme numérique innovante pour faciliter les démarches administratives et attirer les investissements étrangers. Découvrez comment investir en toute simplicité.

26ème Forum International de Réalités : Le tourisme méditerranéen, moteur économique en mutation, se réinvente à Hammamet

Le tourisme méditerranéen face aux défis du XXIème siècle. Experts et décideurs réunis au 26ème Forum International de Réalités pour repenser l'avenir du secteur. Durabilité, numérique, coopération : les enjeux clés pour un tourisme responsable.

38ème Journées de l’Entreprise : S’adapter aux grands changements pour réinventer l’entreprise de demain

Les 38èmes Journées de l'Entreprise à Sousse : un rendez-vous incontournable pour les dirigeants qui souhaitent adapter leur entreprise aux grands changements et saisir les nouvelles opportunités. Réforme des chèques, géopolitique, intelligence artificielle... tous les sujets clés seront abordés

SMART Tunisie : Fin du contrat de liquidité, quelles conséquences pour les investisseurs ?

Découvrez les raisons qui ont conduit à la fin du contrat de liquidité de SMART Tunisie, leader de la distribution IT en Tunisie. Quelles en sont les conséquences pour les investisseurs ?

Budget 2025 Tunisie : Un fort investissement pour soutenir le pouvoir d’achat et stimuler les exportations

Le budget tunisien 2025 alloue 3,9 milliards de dinars au commerce, avec un focus sur les subventions alimentaires et le renforcement des contrôles économiques. Découvrez les implications pour les consommateurs et les entreprises.

Royaume-Uni : Le PIB ne décolle pas, croissance limitée à 0,1% au 3ème trimestre

L'économie britannique ralentit : le PIB n'a progressé que de 0,1% au 3ème trimestre 2024. Découvrez les raisons de ce ralentissement et les perspectives pour l'avenir.

AMI Assurances : Malgré la baisse des primes, la société renforce sa position sur le marché tunisien

AMI Assurances dévoile ses chiffres clés pour le premier semestre 2024. Focus sur les primes, les sinistres, les investissements et les dernières innovations de l'assureur tunisien.