François Vellas, membre du Comité Directeur de la Chaire U.N.E.S.C.O. “Tourisme, Culture et Développement Touristique Durable » (UNITWIN) est directeur de l’Université du Troisième Age de Toulouse depuis 1998 et membre du Conseil d’Administration de l’Union Française des Universités de Tous Age (UFUTA) et depuis janvier 2011 Président de l’Association Internationale des Universités du Troisième Age (AIUTA). Depuis dix ans, il dirige les programmes TED « Tourisme, Ethique et Développement » d’Acting for Life .Il est l’auteur de nombreux ouvrages de référence sur l’économie du tourisme et sur le marketing touristique. François Vellas de passage à Rym Beach à Djerba à l’occasion d’un colloque sur le tourisme des seniors a bien voulu se confier à notre journal
Qui sont ces touristes seniors ?
Les seniors qui partent en retraite sont nombreux. Leur effectif ne cesser d’augmenter dans les prochaines années. La tranche des 60-64 ans a, elle, augmenté de 9 % en un an. En 2050, les plus de 60 ans représenteront 30 % de la population.50à 60% d’entre eux partent deux fois par an en vacances. Cette tranche d’âge bénéficie à la fois d’un pouvoir d’achat important et de temps disponible pour les loisirs. A ce titre, elle constitue un marché potentiel significatif. C’est pour quoi le secteur des seniors doit évoluer pour répondre aux attentes de cette population
Est-ce que le produit tunisien répond à leurs attentes ?
Les clients avisés préparent leurs départs avec soin : Ils s’informent, comparent et vérifient. C’est une clientèle de basse saison. La Tunisie leur offre un produit balnéaire, d’un bon rapporet qualité –prix. Cette population choisie le pays pour son climat doux surtout en hiver.. Mais avant d’exploiter cette niche, mieux vaut se renseigner sur les attentes parfois bien précises de ces prospects. C’est pour quoi ces seniors veulent des séjours innovants car ils veulent sortir des sentiers battus et là es voyages d’études leur permettent d’élargir leurs connaissances du patrimoine international en explorant des villes artistiques et historiques. Notre action avec Seabel Hotels à Djerba s’inscrit dans ce cadre où nous projetons d’organiser des voyages ouverts tout au long de l’année pour donner aux seniors l’opportunité d’apprendre et de s’informer in situ. La personne âgée veut découvrir et rencontrer les populations locales. C’est pour quoi Il faut tenir compte des types de séjours pouvant être créés. Le marché des seniors est peut-être plus attentif aux prix, mais il est aussi de plus en plus soucieux des normes. Toutes les opportunités offertes par les différents types d’hébergement recherchés par les personnes âgées doivent être prises en considération. Un nombre d’attractions suffisant est nécessaire pour retenir l’intérêt de ces visiteurs et là il est possible d’améliorer la perception des attractions existantes par ces touristes. D’où l’intérêt de l’Université du troisième âge qui constitue une réponse au passage de l’activité à la retraite. C’est une réponse aux attentes du troisème âge .L’A.I.U.T.A. rassemble les universités du troisième âge de tous les continents. Son action depuis quatre décennies contribue largement à défendre la cause des aînés par la formation tout au long de la vie par des échanges entre universités, des innovations pédagogiques et des recherche scientifiques
Le développement de la clientèle senior risque t-il de faire surgir le problème de l’inadaptation de certaines structures d’accueil ou des transports ?
Le tourisme des seniors fera-t-il partie des gagnants ? Oui, il est devenu courant de vanter les qualités de consommateurs de ces nouveaux retraités. On les dit plus aisés, en bonne santé et disposant de temps libre qu’ils aiment consacrer aux voyages. Ces touristes plus de 50 ans représentaient 43 % des grands voyageurs à l’étranger et 53 % des voyages hors Europe. C’est un marché à conquérir et une clientèle à choyer .Trois grands principes régissent la politique de cette clientèle : soins personnalisés, chaleur humaine et service individuel. Mais si on veut développer ce créneau de troisième âge, il faut développer l’aérien. On ce n’est pas toujours évident. Sans desserte aérienne et sans vols directs, ce tourisme des seniors ne peut pas se développer notamment sur l’Ile de Djerba faute de liaison directe par exemple avec Toulouse. Une amélioration de la qualité de la desserte aérienne des aéroports des régions tunisiennes constituerait pourtant un gisement de croissance pour le tourisme des seniors. Des liaisons directes avec le Sud du pays sont essentielles pour l’attractivité touristique et pour le développement de ce créneau