Après une décennie glorieuse, où la production et l’exportation réalisent une croissance annuelle moyenne de 12%, l’industrie automobile est tombée dans une récession sans précédent, mettant en péril des dizaines de milliers d’emplois.
Le secteur automobile est l’un des plus ravagés par la crise du coronavirus. Depuis l’apparition de l’épidémie, le marché automobile mondial est en chute libre. L’effondrement de la demande, mais également la mise à l’arrêt des usines des géants de l’automobile ont engendré la fermeture en cascade des usines à l’échelle planétaire. La chaîne des valeurs de la production automobile étant segmentée en fragments distincts, répartis et disséminés dans le monde entier. En Tunisie, l’industrie automobile risque le pire. En effet, la crise économique induite par le Covid-19 met en danger tout un tissu industriel qui a été mis sur pied dans la durée. Après une décennie glorieuse, où la production et l’exportation réalisent une croissance annuelle moyenne de 12%, l’industrie automobile est tombée dans une récession sans précédent, mettant en péril des dizaines de milliers d’emplois. “Aujourd’hui, ces sociétés, pour la plupart totalement exportatrices, se battent pour sauvegarder leurs marchés et par là même les emplois, dans un contexte imprévisible où les chaînes d’approvisionnement, les clients et les fournisseurs connaissent aussi de très grandes difficultés”, a fait savoir l’association tunisienne des industriels du secteur automobile, la Tunisian Automotive Association (TAA), dans un communiqué publié le 10 avril.
Selon les chiffres présentés par l’association, le taux de suspension d’activité dans le secteur, depuis le 20 mars dernier, dépasse 98%. Evidemment, l’industrie automobile locale est étroitement liée au marché européen, premier marché destinataire. Elle est, désormais, exposée à un retour de bâton de l’effondrement du marché européen qui, selon les prévisions de l’agence Moody’s, connaîtra en 2020 un recul de 21%. Dans ces conditions difficiles, où le secteur subit de plein fouet les conséquences d’une crise qui continue à faire des victimes économiques, l’association TAA a appelé “à un soutien accru du gouvernement pour faciliter l’octroi d’autorisations afin de permettre un minimum de continuité d’activité”, ce qui permettra de sauvegarder les 80 mille emplois du secteur. Agir vite pour sauver des emplois “ En Europe, notre premier marché destinataire et premier partenaire, l’industrie automobile a entamé, progressivement, son déconfinement.
Certains constructeurs ont repris le travail et nous avons reçu des demandes d’information sur le déconfinement en Tunisie. Nos clients veulent avoir plus d’informations claires sur la reprise de l’industrie automobile en Tunisie. Nous ne voulons pas perdre nos clients. Aussi, c’est une opportunité pour drainer une nouvelle clientèle. Nous appelons le gouvernement à autoriser la reprise du travail dans le secteur automobile afin de sauvegarder le tissu industriel qui emploie des milliers de personnes. Pour ce faire, nous appelons à un retour progressif et partiel des usines. Nous avons mis en place des organisations différentes qui respectent les consignes sanitaires en vigueur”, a souligné Mme Lamia Gharbi dans une déclaration à La Presse.
Dans ce même contexte, les résultats d’une enquête récente réalisée par la Chambre tuniso-allemande (AHK) auprès de 130 entreprises allemandes installées en Tunisie, dont 12% opèrent dans le secteur de l’industrie automobile, font froid dans le dos. 1/3 de ces entreprises n’excluent pas une fermeture définitive de leur entité en Tunisie. Près de 50% des entreprises craignent un impact fort, voire très fort, sur leurs finances dans les mois à venir. Quatre entreprises allemandes en Tunisie sur cinq s’attendent à une réduction considérable, voire à une annulation, de leurs investissements prévus pour 2020. L’impact le plus important sera ressenti par les sociétés totalement exportatrices, a-t-on noté dans le communiqué publié par l’AHK. Et de préciser : “Le risque est que certains donneurs d’ordres à l’étranger – notamment du secteur automobile, mais bien d’autres aussi – reprennent leur production et veuillent passer des commandes.
Faute de livraison des sociétés en Tunisie, ils vont commencer à chercher de nouveaux fournisseurs dans les pays où la situation de la production n´est pas aussi restreinte qu’en Tunisie”. En somme, l’étude a mis l’accent sur la nécessité d’agir vite pour entamer une reprise de l’activité industrielle, notamment du secteur automobile, en vue de sauver les emplois.