Le COVID 19 a eu la particularité de mettre à nu la vulnérabilité du système sanitaire, de l’économie nationale et du tissu social. Selon l’ITES : «cette crise sanitaire doit nous interpeller quant à une plus grande solidarité nationale, en matière de sécurité sanitaire et socio-économique et quant à une décentralisation plus poussée dans le cadre d’une forte synergie entre l’exécutif central et régional ».
Au moment où les restrictions sur les activités économiques et sociales commencent à s’abolir, la hantise, pour ce qui a trait à la résurgence d’une deuxième vague de l’épidémie, s’installe sous nos cieux.
A ce titre, une étude prospective intitulée « La Tunisie face au Covid-19 à l’horizon 2025 : fondements d’une stratégie conciliant l’urgence du court terme et les impératifs du moyen terme », vient d’être publié par l’ITES. L’étude précise que« Si le confinement ciblé perdure, il est nécessaire de suivre de près les changements de la demande au niveau du marché, durant la période à venir, afin de prendre les décisions appropriées avec l’ensemble des intervenants dans tous les secteurs et éviter les distorsions entre l’offre et la demande ».
La même source propose d’étudier les tendances de consommation par produit et de tenter d’expliquer les facteurs socio-économiques déterminants de cette évolution, notamment les variations des prix des produits, les difficultés d’approvisionnement du marché, le ralentissement d’activité des secteurs agricoles et de pêche, la baisse du pouvoir d’achat d’une catégorie de la population ainsi que le régime des subventions adoptées en Tunisie.
Subventionner la consommation de l’huile d’olive
« Ne serait-il pas judicieux, dans ce contexte, que les pouvoirs publics étendent les subventions à d’autres produits telle que l’huile d’olive connue pour ses vertus alimentaires et fortement recommandée pour la santé nutritionnelle partout dans le monde. Cette subvention pourrait être prélevée sur une taxation à instaurer sur les autres huiles végétales », relève l’ITES.
En effet, ces politiques sociales, initiées depuis l’indépendance, avaient pour objectif principal, la protection du pouvoir d’achat des consommateurs, et ont, traditionnellement, concerné des produits considérés de base tels que les céréales, le sucre, l’huile végétale et le thé et ont encouragé plutôt la consommation de féculents, de glucides et de lipides qui ne sont pas bénéfiques pour la santé humaine selon les nutritionnistes.
Révision de la politique de libéralisation des prix des fruits et légumes et des poissons
« Il serait utile de réviser la politique de libéralisation des prix pratiquée de nos jours et envisager une fixation des prix des fruits et légumes et des poissons, pour encourager leur consommation, tout en garantissant une marge convenable pour les producteurs qui veille à l’adéquation entre le pouvoir d’achat du consommateur et la rentabilité dans les exploitations agricoles », indique l’ITES.
Ceci contribuera à l’homogénéisation des prix dans les différents points de vente et assurera plus de transparence pour les consommateurs qui ont tendance, jusque-là, à se rabattre sur les produits subventionnés, compte tenu de leurs prix fixés et visibles.
Ainsi, des campagnes de sensibilisation pour encourager la consommation des dérivés du blé dur, les légumineuses et les poissons bleus dont les prix restent inabordables, sont utiles pour préserver la santé du consommateur en l’incitant à les intégrer davantage dans ses habitudes alimentaires.
Promouvoir le e-commerce des produits agricoles et agroalimentaires
Face à un prolongement de cette crise, l’enjeu important pour l’avenir serait de garantir une meilleure transparence des réseaux de distribution, en encourageant les producteurs, à vendre leurs produits dans les marchés de gros par le biais de subvention du transport et la fixation des prix afin de court-circuiter les circuits parallèles.
Parmi les autres mesures, préconisées par l’étude, le paiement des producteurs à la livraison de la marchandise et la diminution des intermédiaires permettant de réduire significativement les prix d’achat par les consommateurs. Ultérieurement, il serait judicieux de penser à réduire les circuits de distribution et favoriser l’achat direct et coopératif, à travers la création d’un réseau de boutiques mobiles uni- produits pour les produits frais et la promotion de la consommation des produits locaux à travers le e-commerce.
Les dispositions préventives de contrôle aux frontières sont envisageables à partir de la mi-juin 2020
En outre, l’institut estime que l’ouverture progressive et modulée des frontières aux mouvements inter-pays pourrait être envisagée dans le cadre d’accords bilatéraux avec les pays concernés, compte tenu de la situation épidémiologique et sur la base de dispositions préventives de contrôle aux frontières, de confinement volontaire et de suivi dans les établissements touristiques, selon un protocole sanitaire bien défini. Ces dispositions sont envisageables à partir de la mi-juin 2020 dans le cadre du sauvetage de l’économie, notamment du secteur touristique et la probabilité d’un retour des tunisiens vivants à l’étranger.
In fine, l’étude recommande la construction de scénarios à l’horizon de la fin de l’année 2020 et un diagnostic précis de l’impact de la pandémie Covid-19 sur le « système Tunisie » ; il s’agit d’élaborer une stratégie globale et cohérente de sortie de crise et de redémarrage de l’économie nationale, en vue d’amorcer les réformes structurelles.