Les diversités ethniques, religieuses et culturelles constituent notre richesse en Tunisie.
La période coloniale doit-elle rester un Tabou ?
- A San Fransisco, les manifestants ont déboulonné les statues de Christophe Collomb symbole de la colonisation.
- En France, Le 20 Juin 2020, une manifestation s’est déroulée à Lille pour essayer de déboulonner l’imposante statue du général FAIDHERBE, accusé d’avoir mené une guerre d’extermination au Sénégal.
- Des historiens Français enquêtent actuellement et 80 ans après le début de la seconde guerre mondiale sur l’assassinat en France par les Allemands de 180 TIRAILLEURS AFRICAINS ayant combattu sous uniforme français.
Pourquoi, cette recherche de la vérité sur la période coloniale et les crimes de guerre est permise en France et dans le monde mais doit être refusée pour les Tunisiens ?
Le pardon de la France pour la période coloniale ?
Les dernières excuses de la France ont été faites par Emmanuel Macron à la veuve du communiste Maurice Audin torturé par l’armée Française durant la guerre d’Algérie.
La motion du bloc parlementaire ALKARAMA réclamant des excuses à la France présentée pour des considérations politiciennes, n’est pas étayée par des recherches scientifiques faites par des historiens et les chercheurs aussi bien dans les archives Tunisiennes que Françaises. Il faudra un consensus national rationnel pour décider d’une éventuelle demande.
Cependant les attentats et assassinats des hommes politiques doivent être élucidés.
Certains assassinats de leaders politiques Tunisiens parmi lesquels Hedi CHAKER ont été jugés par les tribunaux et les coupables sanctionnés. D’autres assassinats d’hommes politiques sont restés non élucidés parmi lesquels on peut citer :
1/Farhat HACHED, leader syndical et militant politique : il fut assassiné le 5 Décembre 1952, par l’organisation Française « la main rouge » accusée à l’époque par les autorités Françaises. Or d’après son fils, Noureddine HACHED, ex-ministre de Bourguiba, c’est l’état Français et à sa tête Antoine Pinay ex-président du conseil qui ont commandité ce crime. Les Tunisiens et l’UGTT réclament toujours la version réelle de ce crime
2/Habib MAAZOUN, jeune ingénieur, diplômé de la prestigieuse école des Mines de Paris en 1948. Il a été tué le 5 Mars 1952, en regagnant son bureau à Sfax, par un camion de l’armée Française qui a percuté de plein fouet sa voiture. Les circonstances de l’accident laissent penser à un assassinat politique vu que le défunt était proche de Farhat HACHED et actif dans le milieu des résistants Tunisiens.
Or après ces deux assassinats, l’activité des résistants a diminué.
Il est normal que leurs familles puissent connaitre les circonstances de ces assassinats politiques et savoir si les assassins ont été punis ?
Spoliation des richesses de la Tunisie.
A/ Période coloniale :
Le président de la République Française Jacques CHIRAC a lui-même déclaré dans une vidéo disponible sur YOUTUBE à propos de l’Afrique et de la France « qu’on rende aux africains ce qu’on leur a pris ».
Le président actuel E. MACRON a commencé par restituer à l’Afrique des œuvres d’art exposés dans les musés en France.
Malgré ces déclarations, Il est impossible financièrement, pour la France et les puissances coloniales de rendre ce qu’elles ont éventuellement pris lors de la période coloniale.
Mais il est nécessaire de connaitre la vérité dans ce domaine..
B/ Période après l’indépendance :
De 1956 à 1987, les finances publiques ont été relativement bien gérées avec de rares affaires de corruption car BOURGUIBA était intraitable avec les voyous et les corrompus. Les relations économiques et financières avec la France ont probablement été conforme avec les accords de l’indépendance qui « par mystère » n’étaient pas rendus publics ?
Suite à une discussion sur ce sujet que j’ai eu avec feu Hedi MABROUK , un grand diplomate, ex -ambassadeur de Tunisie en France et ex ministre des affaires étrangères sous BOURGUIBA, il m’avait confié que lors d’une de ses rencontres avec Edouard Balladur, ex premier ministre Français, ce dernier lui avait déclaré: « comme Les Tunisiens ont voulu leur indépendance, ils doivent s’assumer », ce à quoi feu Hedi MABROUK avait répondu : « effectivement mais il faut que la France continue d’assurer le service après-vente !!! ».
Que chacun médite sur le sens de ces quelques mots de parts et d’autres ?
Après l’accession de Ben ALI au pouvoir en 1987, ce sont de plus en plus de Tunisiens proches du pouvoir et autres voyous de la politique et des affaires qui ont volé à l’état Tunisien les dizaines de milliards de dinars.
Il vaudra mieux déjà commencer par récupérer cet argent.
Il faut étudier les documents liés à l’acte de l’indépendance et effectuer les :
- Audit des finances et des banques publiques
- Audit des contrats entre l’état et les sociétés étrangères.
- Audit des dettes odieuses
Le résultat de ces audits déterminera si et dans quelles mesures la Tunisie a été spoliée et par qui ?
Apport de la France pour la création des emplois en Tunisie.
Sur FB un participant Français avait écrit que puisque « La Tunisie veut demander les excuses à la France, celle-ci va rapatrier en France les sociétés qui emploient 140000 salariés en Tunisie »
Ce chantage est dépassé. Les sociétés étrangères qui viennent créer des emplois ne le font que pour bénéficier des avantages fiscaux Tunisiens et du faible coût des charges sociales (en moyenne l’ouvrier Tunisien coûte 5 fois moins cher que l’ouvrier Français). Le contribuable Tunisien contribue au bénéfice de ces sociétés qui profitent des produits subventionnés et diverses aides. Ainsi, la banque mondiale a déjà publié un rapport dans lequel elle a démontré que les européens ne délocalisent majoritairement en Tunisie que des travaux d’assemblage qui ne procurent aucune valeur ajoutée pour le pays.
En fait c’est tout le système économique qui est à revoir, mais notre élite et dirigeants politiques font semblant de l’ignorer et ne disent pas la vérité aux Tunisiens.
Mohamed MAAZOUN
Diplômé expert comptable de France
Expert-comptable, membre de l’ordre des experts comptables de Tunisie
Ex-commissaire aux comptes près la cour d’appel de Paris.