Le forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) a appelé, jeudi, à publier les études d’impact socio-économique et environnemental du projet de construction du complexe intégré de Formule 1 dans la région de Salloum (gouvernorat de Sousse), « Tunisia Racing F1 City ».
Dans un communiqué, le FTDES a exhorté les différentes parties prenantes à évaluer la pertinence de ce projet avant d’attribuer tout permis final.
D’un point de vue économique, le forum estime que la discipline Formule 1 risquent de coûter « chère» à la collectivité, ajoutant que ses retombées sur le tourisme et l’économie restent limitées à la période de l’évènement. « Cela risque de faire tomber tout le projet en décrépitude après quelques années », observe l’organisation.
Sur le plan environnemental, le FDTES a fait part de ses craintes quant à l’impact de ce projet sur la Sebkha de Sidi Khlifa qui se situe à moins de 2 km de Salloum.
« L’équilibre sebkha-mer risque d’être perturbé par la grande présence humaine sachant que la capacité totale des hôtels est de 2000 lits auxquels s’ajouteront les résidents des villas et appartements», déplore la même source.
De surcroît, ajoute encore le forum, les sports mécaniques demeurent une importante source de gaz à effet de serre, dans la mesure où les voitures de Formule 1 ont une consommation record en carburant avoisinant les 75 litres pour 100 km.
Le projet « Tunisia Racing F1 City » est aux antipodes du tourisme écologique
Par ailleurs, ce grand prix de Formule1 accueille chaque année plusieurs milliers d’amateurs, or, la présence de ce grand nombre de personnes sur un même lieu pendant quelques jours doit être pensé d’un point de vue environnemental (consommation, déchets, piétinement, effet sur la plage, empreinte carbone…) selon le forum.
Ainsi, l’ONG s’est dit « surprise » du paradoxe qui apparaît dans l’orientation stratégique du ministère du tourisme entre la promotion récemment déclarée du tourisme alternatif et écologique et l’engagement affiché au profit de ce projet de tourisme sportif complètement contradictoire à la première vision.
Par ailleurs, le FTDES a tenu à rappeler le risque que pourrait induire le pari sur des « créneaux fragiles » comme la Formule1 qui n’a pas fait ses preuves dans d’autres pays (Bahrein, France…) au vu de sa rentabilité « instable ». Il dénonce l’obstination du gouvernement actuel à se lancer dans des aventures pareilles qui pourrait coûter cher à l’économie tunisienne, déjà bien secouée en ces temps de pandémie et de crise mondiale.
D’après l’étude de réalisation, le projet Tunisia Racing F1 City sera réalisé dans la région de Salloum, entre Sousse et Hammamet, à 10 km de l’aéroport Ennfidha et à 80 km de la capitale.
Le ministre du tourisme et de l’artisanat Habib Ammar s’était entretenu, le 22 septembre dernier, avec Chedly Zouiten, président du club tunisien des voitures et membre de la Fédération internationale de l’automobile, au sujet de ce projet.
Tunisia Racing F1 City, consiste à réaliser un complexe sportif intégré entouré d’unités hôtelières et de loisirs de très haut niveau. Ainsi, entre autres, seront construits deux hôtels 5 étoiles, un hôtel 7 étoiles, 8 restaurants internationaux avec différentes gastronomies (chinoise, libanaise…) et un quartier résidentiel qui comporte 60 villas et 600 appartements avec vue sur mer, le tout du haut-standing. Un casino, un terrain de Golf et un grand centre commercial viendront compléter ce complexe, qui sera édifié sur 300 hectares,moyennant environ 1,218 Milliard de dinars (enveloppe prévisionnelle).
La société d’investissement britannique « Bitrage Investments Ltd » assurera le financement de ce projet avec une contribution de la part du gouvernement tunisien qui reste encore imprécise.