Le ministre des Finances britannique, Rishi Sunak, a annoncé jeudi un nouveau renforcement du plan de soutien à l’économie, une initiative coordonnée avec la Banque d’Angleterre (BoE), qui a augmenté son programme d’achats de titres pour favoriser à la fois le crédit et le financement d’un déficit budgétaire record.
A quelques heures de l’entrée en vigueur pour un mois d’un quasi-confinement dans toute l’Angleterre, Rishi Sunak, a annoncé que l’indemnisation du chômage partiel à hauteur de 80% du salaire serait prolongée jusqu’à la fin mars.
“Il est clair que les conséquences économiques pour les entreprises durent bien plus longtemps que toute mesure de restriction, et c’est pourquoi nous avons décidé d’amplifier notre soutien”, a-t-il dit au Parlement.
De son côté, la Banque d’Angleterre (BoE) a augmenté le montant de ses achats d’actifs de 150 milliards de livres sterling pour le porter à 895 milliards de livres (près de 990 milliards d’euros).
La plupart des économistes interrogés par Reuters s’attendaient à ce qu’elle se contente d’une augmentation de 100 milliards. Cette décision a été prise à l’unanimité des neuf membres du Comité de politique monétaire (MPC), de même que celle, attendue, de laisser le taux directeur de la banque centrale britannique inchangé à 0,1%, son plus bas niveau historique.
La BoE a également revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie britannique et anticipe désormais une contraction de 11% du produit intérieur brut en 2020, contre 9,5% lors de sa prévision du mois d’août.
L’économie britannique ne devrait pas retrouver son niveau d’avant la pandémie avant le premier trimestre 2022, selon l’institut d’émission, qui tablait précédemment sur un rétablissement d’ici à la fin de l’année prochaine.
Pour 2021, la BoE prévoit désormais une croissance du PIB de 7,25%, contre 9% précédemment.
LA 4E VERSION DU PLAN D’AIDE EN SIX SEMAINES
L’économie britannique, qui souffre des effets de la crise sanitaire et doit affronter les risques liés à son divorce d’avec l’Union européenne, est soutenue massivement par des émissions de dette du gouvernement, la BoE achetant en masse les obligations d’Etat destinées à financer la dépense publique.
Malgré ces dépenses, l’économie britannique est la plus menacée au sein du G20, selon Moody’s, qui a dégradé la note souveraine du Royaume-Uni le mois dernier.
Le déficit budgétaire devrait être proche de 20% du produit intérieur brut (PIB) sur l’exercice en cours, soit deux fois le niveau atteint juste après la crise financière, ce qui serait sans précédent depuis la Deuxième Guerre mondiale.
En complément de l’indemnisation du chômage partiel, Rishi Sunak a annoncé de nouveaux crédits pour aider les travailleurs indépendants et deux milliards de livres de garanties supplémentaires pour l’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord, soit un total de 16 milliards.
L’opposition travailliste lui a reproché d’agir trop tard en rappelant qu’il s’agissait de la quatrième version du plan de soutien économique présentée en six semaines.
Samedi dernier, en effet, le ministre avait évoqué un prolongement de l’indemnisation du chômage partiel jusqu’en décembre seulement.
Ce dispositif a profité à près de neuf millions de personnes au plus fort de la crise. Son coût sur la durée initialement prévue de huit mois était estimé à 52 milliards de livres.