Le débat autour du financement du budget de l’Etat alimente les chroniques les plus diverses. Après l’audition jeudi du Gouverneur de la BCT et la proposition faite par le bloc parlementaire démocratique portant amendement de l’article 25 du statut de la BCT, le gouverneur campe fermement sur sa position, signe et persiste quant à sa conception de la politique monétaire ayant pour principal but le ciblage de l’inflation. Un bras de fer s’engage entre l’exécutif et l’Institut d’émission. Alors que la même question intrigante se pose : comment-va-t-on alors combler le trou budgétaire ? Les institutions internationales et les agences de notation nous épient et suivent de plus près l’évolution de la politique budgétaire et monétaire en Tunisie. Une troisième révision de la note souveraine de la Tunisie est d’ailleurs prévue jeudi prochain par Fitch Rating au titre de l’exercice 2020.
Théoriquement et en dehors de la crise sanitaire actuelle, la politique monétaire adoptée par la BCT doit être en parfaite symbiose et harmonie avec les politiques macro-économiques poursuivies par l’exécutif. Pour certains économistes, la polémique suscitée autour du budget de l’Etat par la BCT est un faux problème. C’est un sujet qui fait plus de peur que de mal. Pour certains experts, la BCT a la possibilité de financer une partie du déficit budgétaire dans la limite de 3,5 milliards de dinars persuadés qu’une telle intervention ne peut guère à nuire la masse monétaire et encore moins faire envoler l’inflation.
Argumentant la position de la BCT, l’économiste et universitaire Moez Labidi s’est étayé sur un post facebook, pour dire que : « L’intervention de la Banque centrale européenne débarque dans des économies où le processus de réforme est très avancé. Ce qui est loin d’être le cas pour la Tunisie.
Plus le gouvernement s’attarde sur les réformes, plus l’économie se déforme (la réforme devient très difficile), et plus l’effort d’ajustement devient pesant sur la banque centrale .Or l’action de l’autorité monétaire pourrait sortir le pays provisoirement de l’impasse financière et de la crise de liquidité pour le plonger, aussitôt après, dans les méandres de l’insoutenabilité de la dette et du dérapage inflationniste. Bref, l’amorce des réformes sérieuses ajoutées à la sagacité des partenaires sociaux sont une urgence. Car le statu quo est un suicide annoncé»
Accélérer le tempo des réformes
Les institutions internationales et les agences de notation appellent d’ailleurs à accélérer le tempo des réformes et conditionnent leur appui financier et l’amélioration de la note souveraine du pays à la volonté du pays à engager les réformes nécessaires à contenir le déficit budgétaire et la hausse de l’endettement public et extérieur. Le gouverneur a mis l’accent lors de son intervention sur que la relation avec les agences de notation s’est compliquée davantage sur fond de crise sanitaire et ses répercussions néfastes sur l’économie nationale. En dépit de la récession économique, la BCT est arrivée à convaincre il y a un mois Moodyd’s à maintenir sa notation tout en changeant ses perspectives de stables à négatives. Une nouvelle révision de la note souveraine du pays est prévue la semaine prochaine par Fitch.
Le fait est là, un plan d’urgence économique se fait languir et un autre son de son de cloche prédomine la scène pour lancer un appel au dialogue national. Le Courant Démocrate propose au président de la République Kaïs Saïed de mettre en place une initiative. Laquelle appelle à un dialogue national social et économique. Tout le monde appelle aujourd’hui à un dialogue économique pour sauver les meubles. Dans le cadre du renforcement du dialogue entre le secteur public et le secteur privé, l’IACE a lancé depuis hier une série de discussions autour du budget 2021 qui se poursuivront jusqu’au 14 novembre courant dans la région du Kef.