Le Conseil a tenu sa réunion périodique le 30 décembre 2020 en ligne et a pris connaissance au début de ses travaux des évolutions récentes sur les plans économique, monétaire et financier, dans le sillage de la détérioration de la situation sanitaire mondiale, en relation avec la propagation rapide de la pandémie du COVID-19 dans sa seconde vague, nécessitant un retour au confinement sanitaire et aux mesures de fermeture dans de nombreux pays, outre l’émergence d’une nouvelle souche du coronavirus, ce qui a suscité de nouveau les craintes quant à la possibilité de contenir la pandémie et d’en maitriser les répercussions sur les perspectives de l’économie mondiale.
Dans ce contexte, le Conseil a noté qu’au niveau national et en dépit des signes d’une reprise progressive après la levée du confinement sanitaire, l’activité économique continue de subir les effets de la pandémie sur la demande intérieure et extérieure, au vu des restrictions imposées de nouveau par les principaux pays partenaires, ce qui entrave le redressement des secteurs industriels orientés à l’exportation et du secteur des services, en particulier le tourisme et le transport aérien, outre les fluctuations de la production des industries extractives en relation avec le climat prévalant sur le plan intérieur.
En ce qui concerne l’évolution des prix, le Conseil a constaté une baisse notable du taux d’inflation en novembre 2020 aux alentours de 4,9% en glissement annuel, contre 5,4% le mois précédent et 6,5% au cours du même mois de l’année précédente. Cette évolution est attribuée à la détente enregistrée au niveau des prix de tous les produits, notamment alimentaires (4,3% contre 5,6% en octobre dernier). Quant aux principaux indicateurs de l’inflation sous-jacente, la hausse des prix « hors produits encadrés et frais » a maintenu en novembre 2020 son niveau enregistré le mois précédent, soit 4,9%, tandis que l’inflation des prix « hors produits alimentaires et énergie » a poursuivi sa tendance baissière pour atteindre 5,9% contre 6,1% un mois auparavant.
S’agissant du secteur extérieur, le Conseil a également souligné l’importante régression du déficit de la balance des paiements courants au cours des onze premiers mois de 2020 pour revenir à 6,2% du PIB, contre 7,9% durant la même période de l’année précédente. Ce résultat est imputable principalement à la contraction du déficit commercial, suite à la baisse des importations à un rythme plus accéléré que les exportations, en relation notamment avec le fléchissement de la demande intérieure et le ralentissement de l’activité économique, s’ajoutant au fléchissement du déficit de la balance énergétique sous l’effet de la diminution de la demande de ces produits et de la baisse de leurs prix sur le marché international. Il convient aussi de signaler que la réalisation d’un bon niveau des revenus du travail (+7%) a permis de couvrir une partie du déficit, malgré la forte baisse des recettes touristiques de 63,9%. Cette situation a contribué à la consolidation du niveau des avoirs nets en devises qui ont atteint 22.924 MDT ou 160 jours d’importation au 29 décembre 2020 contre 19.125 MDT et 108 jours d’importation à la même date de l’année précédente.
Après discussions et délibérations sur les points susmentionnés, le Conseil a souligné que, compte tenu de la situation économique délicate et difficile que traverse le pays, il est devenu indispensable de promouvoir le cadre approprié à la relance de l’économie, d’accroître la visibilité des agents économiques et d’améliorer le climat pour stimuler l’investissement national et étranger, principal moteur de la croissance et de l’emploi. Il a également souligné l’impératif d’accélérer l’implémentation des réformes structurelles pour stabiliser les équilibres macroéconomiques avec la mise en œuvre des mécanismes permettant de protéger les groupes vulnérables.
Dans ce même contexte, et au vu des dommages persistants au niveau, aussi bien des entreprises que des professionnels dans de nombreux secteurs suite aux répercussions de la pandémie du COVID-19, et dans un soucis de garantir l’harmonie entre les décisions de la Banque Centrale et la Loi de Finances pour l’année 2021, le Conseil a décidé de prolonger la période de report des échéances de crédits accordés en vertu du paragraphe premier-article 2 de la Circulaire de la Banque Centrale N°2020- 06 , jusqu’à fin septembre 2021 avec la prorogation de la durée maximale d’octroi des financements exceptionnels stipulée par l’article 1 de la Circulaire de la Banque Centrale de Tunisie N° 2020-12 , jusqu’à fin décembre 2021, et ce outre l’octroi aux banques la possibilité d’accorder ces financements aux entreprises non-résidentes établies en Tunisie sous réserve des conditions prévues par la circulaire N°1999-09.
Au terme de ses travaux, le Conseil a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale de Tunisie.