Confrontée à une crise sanitaire, mais surtout politique et socioéconomique inédite dans son histoire moderne, la Tunisie est à la croisée des chemins, la transition démocratique étant largement conditionnée par la capacité du pays à sortir indemne de cette crise et à s’inscrire dans une trajectoire de sauvetage, puis de relance de l’économie nationale. Le système est au bord de l’implosion, dictant un sursaut et des mesures énergiques.
Face à cette forte sismicité et à l’incertitude croissante balayant l’ensemble de nos repères et modes de gestion traditionnels, il convient d’innover dans l’approche, en termes de politiques publiques, mais également quant au fond. Il s’agit de penser « en rupture », de tracer un chemin vertueux, en privilégiant la pro-activité et l’approche prospective et anticipatrice, seule à même de dégager une stratégie de sauvetage et de sortie de crise répondant à la fois à l’urgence du court terme et aux impératifs du moyen terme. Un changement de paradigme politique et socioéconomique s’impose.
Après avoir publié une étude, véritable plan de sauvetage de l’économie nationale à court terme et premier élan d’un plan de relance à moyen terme, intitulée «Vulnérabilités du pilotage économique en temps de la Covid-19 en Tunisie et éléments de politiques de réponse et de gestion de sortie de crise : pour un sauvetage de l’économie nationale à court terme (horizon 2021)», l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites) publie, en partenariat avec la fondation Konrad Adenauer (KAS), une étude axée sur le numérique en tant que secteur économique et en tant que vecteur en mesure de doper d’autres secteurs piliers de l’économie nationale.
Cette étude, suite à un diagnostic d’impact du Covid-19, construit deux scénarios, le scénario souhaitable à implémenter et le scénario noir ou catastrophique à éviter, et formule, dans le cadre d’un plan d’actions, 22 recommandations opérationnelles pouvant être mises en œuvre immédiatement. Toutes font l’objet d’une fiche action détaillée (objectifs, indicateurs de suivi, maître d’œuvre, activités à entreprendre avec agenda et délais, etc.). Comme le soulignent les auteurs, «en conclusion, cette étude vient, une fois de plus, confirmer le potentiel du secteur du numérique, et ce, sur la base d’un objectif défini sous forme de scénario, présente un plan d’action permettant à la Tunisie de tirer profit de ce fort potentiel économique. Elle confirme également que, au cours des dernières années, très peu a été fait sur une base continue et coordonnée entre les différentes parties prenantes afin de tirer profit de ce potentiel.
Ainsi, cette étude a pour objectif de permettre aux décideurs de pouvoir raisonnablement maîtriser le futur et tirer profit de ce potentiel. Elle répond à trois questions qu’il convient de se poser avant toute décision engageant le futur : (1) «Que peut-il advenir ?», (2) «Que pouvons-nous faire ?» et (3) Comment faire ? ».
Ces études ouvrent la voie à une réflexion approfondie quant à une nouvelle vision de développement économique à l’horizon 2025, objet de la phase 3 de l’étude globale pilotée par l’Ites «La Tunisie face à la Covid-19 à l’horizon 2025 : fondements d’une stratégie conciliant l’urgence du court terme et les impératifs du moyen terme».