« La Tunisie a besoin d’une nouvelle direction économique, une direction qui est différente de celle de la décennie passée », a déclaré, mardi, Chris Geiregat, chef de la mission menée par une équipe du FMI dans le cadre de la consultation pour 2020 au titre de l’Article IV pour la Tunisie.
« Nous notons qu’une nouvelle direction économique est nécessaire pour réussir l’implémentation des réformes et améliorer la gouvernance”, a-t-il dit, mardi, lors d’un point de presse, en ligne, concernant cette mission.
Le responsable a tenu à préciser que le FMI et les autorités tunisiennes sont d’accord que l’avenir économique de la Tunisie dépendra de l’adoption d’un plan ambitieux de réformes, « un plan de réformes qui lance l’économie dans une nouvelle direction ». « Ce plan ambitieux de réformes devrait être élaboré par les autorités tunisiennes elles-mêmes. Et pour que ce plan soit accepté par la société tunisienne et par ces partenaires internationaux de développement, il sera important de communiquer ce plan aux Tunisiens et Tunisiennes et de les engager dans un dialogue national », a-t-il dit. Le responsable a encore laissé entendre que «des réformes difficiles ne peuvent être achevées que si tout le monde comprenne comment elles vont bénéficier à la société, en termes d’une meilleure protection sociale, de plus de croissance inclusive, et moins de pauvreté, même si le coût de l’ajustement puisse être difficile à subir au court terme ».
« Nous appelons cette approbation un « pacte social »; et en termes pratiques, cela veut dire que tout le monde est d’accord d’approcher le plan de réforme avec un esprit ouvert, et que tout le monde offre un peu pour que globalement tout le monde gagne grâce à une nouvelle direction pour l’économie, avec une meilleure protection sociale, plus de croissance inclusive, et plus d’emplois et de prospérité ».
Evoquant les défis immédiats auxquels fait face le pays, le responsable a noté qu’il s’agit de deux défis, dont le premier est de sauver des vies et de préserver les conditions de vie pour atténuer l’impact de la crise sur les personnes vulnerables jusqu’à-ce que la pandémie se dissipe. Les autorités pourraient supporter une relance économique pleine d’emplois, en créant des marges budgétaires pour des investissements dans la santé, l’éducation, et l’infrastructure, selon ses dires. Quant au deuxième défi, il s’agit de ramener les finances publiques sur les rails vers la soutenabilité, notamment le déficit budgétaire et le niveau de la dette, lesquels devraient évoluer vers des niveaux plus soutenables.
Geiregat a en outre, rappelé les principales recommandations de la mission: Il s’agit de renforcer la protection sociale et augmenter les investissements publiques (notamment en santé, éducation et infrastructure) pour supporter la croissance et la création d’emplois, promouvoir l’initiative et l’investissement du secteur privé comme les moteurs principaux de création de bons emplois et de croissance, réformer les entreprises publiques, réduire le déficit budgétaire pour regagner la soutenabilité des finances publiques à moyen terme et pour la Banque centrale de Tunisie, il s’agit d’achever une inflation basse et stable, parce que l’inflation est comme un impôt qui touche notamment les pauvres.
Le FMI recommande aussi à la BCT, d’éviter tout financement monétaire du déficit budgétaire, de permettre au taux de change de s’ajuster aux développements du marché et de continuer à suivre de très près le secteur financier pour détecter tout signe de détresse des emprunteurs et de créances douteuses.
L’institution monétaire internationale recommande aussi, aux autorités tunisiennes un redoublement d’efforts pour avancer la bonne gouvernance et la transparence, ainsi que dans la lutte d’anti-corruption. « Faire des progrès dans ces domaines créera de la confiance dans le secteur publique, réduira le gaspillage de ressources financières, et attirera des investissements et ainsi supportera la croissance et la création d’emplois » conclut-il.