Le plan d’investissement massif dévoilé le 31 mars dernier par le président américain Joe Biden dépasse largement le cadre des infrastructures, son objectif n’étant pas moins que de remodeler les Etats-Unis, dit-on chez M&G Investments.
Ce projet de 2.250 milliards de dollars (1.892 milliards d’euros) d’investissement sur huit ans, qui s’intitule officiellement « The American Jobs Plan », a été pensé dans le contexte d’une forte rivalité stratégique avec la Chine et comprend un volet industriel important mais également un volet social significatif, écrit dans une note Florent Delorme, stratégiste de la société de gestion.
Un premier volet de 620 milliards de dollars porte effectivement sur la rénovation des infrastructures mais prévoit également un coup de pouce aux véhicules électriques.
Un second volet, de 650 milliards de dollars, porte sur l’amélioration des lieux de vie et un troisième, de 580 milliards de dollars, est tourné vers l’industrie américaine. Un quatrième, enfin, est constitué d’une enveloppe de 400 milliards de dollars à destination des plus âgés et des plus vulnérables, détaille Florent Delorme.
Le financement sera assuré essentiellement par une augmentation du taux d’imposition des entreprises qui devrait passer de 21% à 28%, sachant que le taux d’imposition minimal des activités à l’international passerait de 13% à 21%, lit-on dans la note.
« Cette hausse d’impôt n’est pas du goût des républicains qui promettent de batailler ferme au Congrès sur ce sujet », prévient Florent Delorme.
Les marchés s’inquiètent peu pour l’instant de cette hausse de la dépense publique mais pourraient changer d’avis, selon Florent Delorme, qui voit dans ce plan le retour du « big government’, autrement dit d’un Etat interventionniste dans la sphère économique, et une réponse aux ambitions de la Chine avec un protectionnisme marqué.
« Le discours de Biden a confirmé cette obsession américaine de se voir un jour dépassé par l’Empire du Milieu et le volet industriel du plan est là pour tenter de reprendre l’avantage face à la dynamique chinoise », écrit-il avant d’insister sur l’importance du volet social.
« Biden s’inscrit en effet dans la lignée du ‘new deal’ du président Roosevelt et veut rentrer dans l’histoire comme un président qui aura remodelé la société américaine en réduisant les inégalités », écrit Florent Delorme.