L’économie de la zone euro repose toujours sur les « deux béquilles » que sont les mesures de relance monétaire et budgétaire et elles ne peuvent pas être retirées tant que la reprise ne sera pas complète, a déclaré mercredi Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne.
Les propos de Christine Lagarde tranchent avec ceux de certains gouverneurs de la BCE la semaine dernière selon lesquels la banque centrale devrait commencer à réduire ses achats réalisés au titre du « programme d’achats d’urgence face à la pandémie » (PEPP).
« Pensez à un patient qui est sorti d’une crise profonde mais qui se tient toujours sur deux béquilles », a-t-elle déclaré lors d’un événement organisé par Reuters.
« Vous ne voulez pas retirer l’une ou l’autre béquille, la budgétaire ou la monétaire, tant que le patient ne peut pas marcher correctement et pour cela, il faut le soutenir jusqu’à la reprise. »
La BCE a décidé le mois dernier d’accélérer ses achats de titres sur les marchés afin de freiner la remontée des coûts de financement dans la zone euro.
Les marchés n’en attendent pas d’évolution majeure de la stratégie de la BCE à l’issue de la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs le 22 avril mais ses membres pourraient commencer à discuter de l’avenir du PEPP.
Le président de la banque centrale néerlandaise, Klaas Knot, a déclaré à Reuters la semaine dernière que le rebond attendu de l’économie au second semestre pourrait permettre à la BCE de commencer à réduire ses achats d’obligations au troisième trimestre, une proposition reprise ensuite par son homologue autrichien, Robert Holzmann.
Le ton de Christine Lagarde ce mercredi est apparu plus prudent que lors de la réunion de mars, en évoquant les doutes concernant les vaccins contre le COVID-19 produits par AstraZeneca et Johnson & Johnson (J&J).
« Nous sommes toujours submergés par l’incertitude », a-t-elle dit.
L’Agence européenne des médicaments (EMA) devrait publier la semaine prochaine une recommandation sur le vaccin de J&J après que les autorités sanitaires américaines ont proposé de suspendre son utilisation le temps d’analyser six cas de survenue de caillots sanguins chez des personnes l’ayant reçu.
Le Danemark a annoncé mercredi qu’il allait définitivement arrêter d’administrer le vaccin d’AstraZeneca en raison d’un lien possible avec de rares cas de thrombose, une décision sans précédent dans le monde.