Renault a fait état jeudi d’une nouvelle baisse de son chiffre d’affaires trimestriel dans un contexte toujours perturbé par la pandémie de coronavirus qui a éclipsé ses efforts pour augmenter ses prix.
Le groupe automobile, en pleine restructuration et repositionnement stratégique pour tenter de sortir du rouge, a réalisé au premier trimestre un chiffre d’affaires de 10,01 milliards d’euros, en recul de 1,1%.
Le chiffre d’affaires du groupe se contracte pour le cinquième trimestre consécutif depuis le début de l’épidémie, au premier trimestre 2020. En 2021, la situation s’est encore compliquée avec la pénurie de composants électroniques, dont le pic n’est pas attendu avant l’été.
« C’est un premier trimestre sans relief, avec des moteurs pas vraiment différents de ceux du reste de l’industrie », commente Philippe Houchois de Jefferies. « Mais pas de drapeau rouge non plus. »
Après avoir ouvert sur une note hésitante, l’action Renault reculait de 2,27% à 33,75 euros vers 10h00.Au cours d’une téléconférence avec les analystes, la directrice générale adjointe et directrice financière Clotilde Delbos a estimé qu’il ne serait pas prudent de donner une prévision pour l’année en raison des incertitudes liées à la pénurie de puces, qui a empêché la production de plusieurs dizaines de milliers de véhicules du groupe Renault au premier trimestre.
En revanche, elle a souligné que la position du constructeur au losange en terme de liquidités restait « solide », bien supérieure aux 25% du chiffre d’affaires estimé pour 2021 et définis comme « zone de confort ».
Renault est confronté aux mêmes difficultés de marché que les autres constructeurs, mais auxquelles vient d’ajouter dans son cas un défi lié à sa situation financière fragile – une perte nette historique de huit milliards d’euros en 2020 – et à un sérieux coup de volant stratégique sous la houlette du nouveau directeur général Luca de Meo.
Celui-ci a tourné le dos à l’ambitieuse stratégie de croissance des volumes à l’international suivie par l’ancien PDG Carlos Ghosn, pour se recentrer sur les segments et les zones géographiques les plus rentables. Comme l’Europe, qui a pesé 52% des ventes au premier trimestre, contre 48% un an plus tôt.
« Ce début d’année confirme l’impact positif de la politique commerciale du groupe orientée vers la profitabilité », a dit Renault dans un communiqué.
La priorité donnée aux modèles et aux canaux de ventes les plus rentables a ainsi représenté un impact positif très fort de 6,3 points sur la variation du chiffre d’affaires. Cet effet est supérieur à cinq points pour le troisième trimestre d’affilée.
Le « mix produit », principalement lié aux véhicules électriques et utilitaires, toujours l’un des points forts de Renault, a lui aussi contribué positivement pour 2,4 points car ces deux segments permettent de pratiquer des prix plus élevés.
En revanche, ces impacts sont éclipsés par des lourds effets de changes (-4,3 points) et des ventes à partenaires encore en baisse (-1,5 point). Longtemps une des recettes du succès du groupe français, ces ventes à Nissan ou Daimler n’ont cessé de reculer récemment à cause du déclin de la demande en moteurs diesel.
Les immatriculations de véhicules Renault ont augmenté sur la période de 1,1% à 665.038 véhicules, mais restent loin de la hausse de plus de 21% des livraisons affichées sur la même période par le géant allemand Volkswagen.
Et si Luca de Meo veut renforcer dans les prochaines années la présence de Renault sur le segment plus rémunérateur des voitures de la taille de la Volkswagen Golf ou du Peugeot 3008, les immatriculations de Renault ont été encore tirées au premier trimestre par les petits modèles Clio, Captur et Sandero.