L’étude « Miqyes » a deux particularités, elle intègre une étude de l’impact du covid-19 sur les PME, plus d’un an et demi après son déclenchement et elle met, en plus, un focus spécial sur la situation des PME à participation étrangère.
Une conférence de presse
a été organisée par le syndicat patronal Conect et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), en collaboration avec le cabinet d’audit et de conseil « HLB GSAudit & Advisory » et l’Institut de sondage « One to One », récemment à Tunis. A cette occasion, les intervenants ont présenté les résultats de l’enquête de la 5e édition de « Miqyes », le baromètre de la santé de la PME tunisienne, un an après le covid-19, avec un focus sur les PME à participation étrangère.
Les principaux résultats de cette étude indiquent que 85% des entreprises affirment que le covid-19 a eu un impact nettement négatif sur leurs activités contre seulement 3,2% qui ont eu un impact nettement positif. Durant l’année écoulée, 12,9% des dirigeants ont dû déclarer la fermeture prolongée ou définitive de leurs entreprises.
Des résultats effrayants
Dans ce contexte, Mourad Ben Mahmoud, expert en transformation des PME a mentionné que « Miqyes » a été initié en 2016 par le syndicat patronal Conect et le bureau d’audit et de conseil « HLB GSAudit & Advisory ». Depuis 2017, il bénéficie du soutien du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) en Tunisie. Cette édition de l’étude « Miqyes » a deux particularités, elle intègre une étude de l’impact du covid-19 sur les PME, plus d’un an et demi après son déclenchement, en mars 2020, et elle met, en plus, un focus spécial sur la situation des PME à participation étrangère. Les résultats de cette édition 2020 de « Miqyes », un an et demi après la propagation du covid, sont effrayants. Les dégâts sont constatés à tous les niveaux. Il y va de l’avenir de la PME, mais encore plus, de la situation de l’emploi et de la création de valeur en Tunisie. Ben Mahmoud a souligné également que dix-huit mois après la propagation du covid, les effets sont clairs : 12,9% des entreprises déclarent avoir fermé d’une manière prolongée ou définitive et environ 40% des PME vivent un ralentissement d’activité persistant.
Sous-capitalisé
Le tissu des entreprises de 6 à 19 employés, qui représentent 68% de l’ensemble des PME en Tunisie, est le plus affecté par la crise. Ces entreprises sont celles ayant le moins bénéficié des aides et des mesures d’accompagnement de l’Etat contre les effets des mesures sanitaires, tandis qu’elles ont enregistré en majorité (58.8%) une perte comptable en 2020, et se déclarent en situation de déséquilibre financier structurel (59.7% sous capitalisation). Ben Mahmoud a déclaré que tous les chiffres corroborent : une PME sur deux n’a pas eu un nouveau client en 2020.
Pour la même année, une PME sur deux déclare avoir perdu un client important ! Pour les présumées grandes PME, employant de 50 à 199 salariés, la période est aussi dure ! Environ 35% des dirigeants de ces PME considèrent leurs entreprises sous-capitalisées ou fortement sous capitalisées. En termes d’emploi, la PME en Tunisie a perdu en moyenne 0,7 emploi net en 2020. Cette perte a touché les trois secteurs de l’économie avec fort impact sur le secteur du commerce (-1,5 emplois nets en moyenne par PME dont – 1,3 des non cadres). En termes de financement, la tendance se confirme au fil des éditions du baromètre « Miqyes » ; les PME tournent le dos aux banques pour financer leur exploitation. Celles qui recourent au crédit de gestion (17,1% des Pmes en 2020 contre 20% en 2019) n’ont majoritairement (+70%) pas bénéficié d’une augmentation d’autorisation de découvert bancaire suite au covid. Il en ressort de l’enquête « Miqyes » que les entreprises dont le capital est majoritairement étranger, bien qu’elles aient durement souffert des effets du covid, sont en bien meilleure situation que leurs homologues dont le capital est majoritairement tunisien, et ce, pour les raisons suivantes ; leur taille moyenne bien plus importante et leurs dirigeants sont nettement plus instruits et plus âgés, elles sont principalement tournées vers les marchés à l’export, ainsi elles sont nettement moins dépendantes du marché libyen. Elles arrivent à mieux fidéliser / retenir leurs clients même en période de crise.
Face à cette situation catastrophique, les PME appellent à être soutenues par un accès à une recapitalisation et une restructuration financière à des conditions acceptables, sachant que les PME s’adressent de moins en moins aux banques pour se financer.
Sabrine AHMED