Le Fonds monétaire international (FMI) a revu mardi à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie mondiale en soulignant que les incertitudes liées à la pandémie de COVID-19, à l’inflation, aux tensions sur les chaînes d’approvisionnement et à la politique monétaire aux Etats-Unis constituaient des facteurs de risques supplémentaires.
Le FMI anticipe désormais une croissance mondiale de 4,4% cette année, soit 0,5 point de moins que dans ses perspectives économiques publiées en octobre, principalement en raison « des révisions à la baisse pour les États-Unis et la Chine (les deux premières puissances économiques au monde) », a déclaré Gita Gopinath, directrice générale adjointe de l’organisation.
La propagation rapide du variant Omicron du coronavirus a entraîné de nouvelles restrictions de circulation dans plusieurs pays et une augmentation des pénuries de main-d’oeuvre tandis que les ruptures d’approvisionnement ont alimenté la hausse des prix, a indiqué le FMI.
La nouvelle souche du coronavirus devrait peser sur l’activité économique au premier trimestre mais ses effets devraient s’atténuer par la suite, étant donné sa moindre dangerosité par rapport aux autres variants, a estimé le FMI.
Pour 2023, l’organisation relève sa prévision de croissance mondiale de 0,2 point à 3,8% en précisant que cette révision est en grande partie mécanique.
« Les chocs qui freineront la croissance en 2022 finiront par se dissiper et, par conséquent, la croissance mondiale en 2023 augmentera un peu plus vite », a déclaré le FMI.
Dans l’ensemble, l’impact de la pandémie devrait représenter une perte de 13.800 milliards de dollars (12.230 milliards d’euros) jusqu’en 2024 au niveau mondial, contre une précédente estimation de 12.500 milliards.
Le FMI a abaissé sa prévision de croissance aux États-Unis de 1,2 point de pourcentage, à 4% en 2022, en raison des difficultés de l’administration Biden à faire adopter un vaste projet de dépenses budgétaires, du resserrement de la politique monétaire de Réserve fédérale et des problèmes persistants dans l’approvisionnement.
La croissance économique des Etats-Unis devrait ralentir davantage en 2023, à 2,6%.
La prévision pour la Chine a été réduite de 0,8 point à 4,8% pour cette année, le FMI évoquant les perturbations dues à la politique chinoise de tolérance zéro face au COVID-19 et les difficultés financières des groupes immobiliers.
La croissance de la deuxième économie mondiale devrait remonter à 5,2% en 2023, selon le FMI.
LE RISQUE INFLATIONNISTE POURRAIT DURER
La zone euro enregistrerait quant à elle une croissance de 3,9% cette année, soit 0,4 point de moins qu’estimé auparavant. L’expansion du produit intérieur brut devrait ralentir à 2,5% en 2023.
La révision à la baisse est de 0,4 point à 3,5% pour la France et de 0,8 point à 3,8% pour l’Allemagne en 2022.
En ce qui concerne l’inflation, les prévisions de l’organisation sont relevées tant pour les économies avancées que pour les pays en développement. Le FMI estime que les pressions inflationnistes sont susceptibles de persister plus longtemps que prévu compte tenu des perturbations actuelles des chaînes d’approvisionnement et des prix élevés de l’énergie.
En 2022, l’inflation devrait s’établir en moyenne à 3,9% pour le groupe des économies avancées et à 5,9% dans les économies des pays émergents et en développement, avant de refluer en 2023 grâce à la croissance modérée des prix des carburants et des denrées alimentaires.
Le rythme de la reprise économique reste contrasté entre pays riches et pays pauvres, selon le FMI.
Soixante-dix millions de personnes supplémentaires vivaient dans l’extrême pauvreté après la pandémie, ce qui a retardé de plusieurs années les progrès réalisés en matière de réduction de la pauvreté, a écrit Gita Gopinath sur son blog.
Le FMI a rappelé qu’il était essentiel de garantir l’accès aux vaccins, aux tests et aux traitements du COVID-19 dans le monde entier afin de réduire le risque d’apparition de nouvelles souches plus dangereuses de la maladie. Il juge par ailleurs que de nombreux pays devront relever leurs taux d’intérêt face aux pressions inflationnistes.