Les dirigeants des pays de l’Union européenne vont s’engager à acheter en commun du gaz naturel, du gaz naturel liquéfié (GNL) et de l’hydrogène en prévision de l’hiver prochain au terme du Conseil européen prévu cette semaine à Bruxelles, montre leur projet de déclaration finale.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie, premier fournisseur de gaz à l’Europe, a fait flamber les prix de l’énergie et contraint les Vingt-Sept à chercher à diversifier dans l’urgence leurs sources d’approvisionnements pour réduire leur dépendance envers Moscou.
Le projet de déclaration finale du Conseil européen qui sera essentiellement consacré à cette question jeudi et vendredi indique que les Etats membres et la Commission européenne vont « travailler ensemble à l’achat commun de gaz naturel, de GNL et d’hydrogène ».
L’exécutif européen avait déjà suggéré l’an dernier que les Vingt-Sept mutualisent la constitution de stocks stratégiques de gaz naturel, présentés par certains pays comme l’Espagne comme un moyen d’amortir les crises énergétiques.
Cette proposition, mal perçue par les pays fournisseurs car elle limiterait leur marge de manoeuvre sur les prix, mais qui suscitait aussi des réticences au sein de l’UE, la politique énergétique relevant des Etats, a gagné en attraction avec la guerre en Ukraine qui pourrait remettre en question à courte ou moyenne échéance l’approvisionnement en gaz russe, soit 40% des besoins européens actuels.
REMPLIR LES STOCKS À 90%
La Commission a annoncé qu’elle aiderait les Vingt-Sept à mettre en place dès cette année un programme d’achat commun et elle devrait proposer cette semaine aux Etats membres d’adopter une règle imposant le remplissage de 90% de leurs réserves de gaz avant chaque période hivernale. Les capacités de stockage de l’UE sont actuellement remplies à seulement 26%.
Le projet de déclaration souligne que les Vingt-Sept se sont entendus pour coordonner cette constitution des stocks et vont commencer à le faire « dès que possible ».
Les chefs d’Etat et de gouvernement vont aussi débattre de nouvelles mesures destinées à protéger les consommateurs face à la flambée des coûts de l’énergie, ainsi qu’à optimiser le fonctionnement des marchés énergétiques.
Les gouvernements européens ont déjà dépensé des dizaines de milliards d’euros pour limiter l’impact de la hausse des prix de l’énergie, qui avait commencé avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Les Vingt-Sept peinent cependant à s’entendre sur une réponse coordonnée sur fond de désaccords sur les meilleurs moyens de contrôler la hausse des prix.
Si la France, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Grèce ou la Belgique plaident pour une régulation des prix au niveau européen, en plafonnant les prix ou en découplant le prix de l’électricité de celui du gaz, d’autres pays, comme l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark y sont réticents, disant notamment craindre qu’une forme déguisée de subvention des énergies fossiles ne décourage les investissements dans les énergies renouvelables.