La Russie réfléchit à des méthodes lui permettant d’accepter le paiement de ses exportations de gaz naturel en roubles et elle prendra des décisions en temps voulu si ses clients européens refusent d’utiliser la monnaie nationale, a déclaré lundi le Kremlin.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne n’ont pas réussi à définir vendredi une position commune face à la demande formulée la semaine dernière par le président russe Vladimir Poutine que les pays jugés « inamicaux », en raison des sanctions imposées à Moscou, paient désormais leurs importations de gaz en roubles et non plus en euros.
Cette décision du Kremlin pourrait remettre en cause à court terme les livraisons de gaz russe à l’Union européenne, bien qu’elle soit perçue par certains acteurs du marché comme une violation des contrats existants.
Le Kremlin a demandé au gouvernement, à la banque centrale russe et à Gazprom, qui fournit 40% du gaz importé dans l’UE, de lui soumettre d’ici au 31 mars des propositions visant à permettre le règlement en roubles.
« Nous n’allons pas fournir de gaz gratuitement, c’est très clair », a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, pendant une conférence téléphonique.
« Dans notre situation, il n’est ni possible, ni approprié de faire de la charité (avec les clients européens) », a-t-il ajouté.
BERLIN, ROME ET VARSOVIE DISENT « NIET »
La décision du Kremlin vise à soutenir la monnaie nationale sur les marchés alors qu’une partie des réserves de la banque centrale est bloquée par les sanctions décrétées par les pays occidentaux en raison de l’invasion de l’Ukraine.
Mais plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, l’Italie et la Pologne, gros importateurs d’hydrocarbures russes, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils n’accepteraient pas d’utiliser la monnaie russe.
Dans une interview publiée vendredi par le journal Die Welt, le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, a donné pour instruction aux fournisseurs d’énergie allemands de ne pas payer leur approvisionnement en roubles.
Faisant écho aux propos tenus la semaine dernière par un conseiller du gouvernement italien, le directeur général du groupe ENI, Claudio Descalzi, a souligné lundi pendant une conférence aux Emirats arabes unis que les pays européens n’avaient pas de roubles et que cette nouvelle exigence russe « n’est pas stipulée dans le contrat ».
Le polonais PGNiG, dont le contrat avec Gazprom expire à la fin de l’année, a également prévenu qu’il ne pourrait pas remplacer l’euro par le rouble.
Les Vingt-Sept se sont fixés comme objectif de se passer totalement des hydrocarbures russes d’ici à 2027, dont environ les deux tiers d’ici la fin de cette année.
Vendredi, les Etats-Unis ont annoncé qu’ils allaient faire en sorte de fournir 15 milliards de m3 de gaz naturel liquéfié (LNG) à l’UE cette année, soit 10% du gaz russe qu’elle importe. Les usines de liquéfaction américaine tournant déjà à pleine capacité, ces livraisons se feront au détriment d’autres pays, soulignent cependant les experts.