Le risque d’une récession dans la zone euro augmente, tandis que l’inflation devrait continuer à progresser d’ici la fin de l’année et que la Banque centrale européenne (BCE) pourrait lancer un cycle de hausse de taux avant 2023, montrent les résultats d’une enquête Reuters auprès d’économistes.
Alors que l’inflation dans la zone euro s’est établie à 7,5% sur un an en mars, son plus haut niveau depuis la création de la monnaie unique, ces économistes estiment que le pic n’a pas encore été atteint, la guerre en Ukraine entraînant un renchérissement des denrées alimentaires et de l’énergie.
Sur le front monétaire, la Banque centrale européenne devrait mettre fin à ses achats d’actifs cette année et relever ses taux d’intérêt pour la première fois depuis plus de dix ans au regard du redressement de l’économie du bloc et du marché du travail, ajoutent ces économistes, interrogés dans le cadre d’une enquête réalisée du 1er au 6 avril.
Sur les 53 économistes interrogés, 41 ont déclaré prévoir un relèvement cette année du taux de dépôt de la BCE, actuellement fixé à -0,50%, un niveau historiquement bas. Trente-et-un d’entre eux ont dit s’attendre à ce que ce relèvement ait lieu au quatrième trimestre, tandis que 10 le prévoient dès le troisième trimestre, contre six dans l’enquête réalisée le mois dernier. Aucun de ces économistes n’anticipe une hausse des taux d’ici la fin du premier semestre.
La fenêtre d’action pour la BCE se réduit cependant, la probabilité d’une récession cette année se situant à 30% et la zone euro étant particulièrement exposée au conflit russo-ukrainien.
« Il y a un risque que l’impact économique de la guerre soit un peu pire que prévu, ou que la situation se détériore davantage », prédit Gordon Scott, économiste pour la zone euro chez RBC, ajoutant que la probabilité d’une récession reste importante.
Les prévisionnistes, qui en mars tablaient sur une reprise vigoureuse après la vague Omicron du coronavirus responsable du COVID-19, ont revu à la baisse leur estimation de croissance économique pour le trimestre en cours à seulement 0,4%, soit moins de la moitié de ce qui était prévu il y a un mois.
La croissance devrait ensuite passer à 0,6% aux troisième et quatrième trimestres. Ils s’attendent désormais à une croissance du PIB de la zone euro de 2,9% cette année et de 2,3% en 2023 contre respectivement 3,8% et 2,5% il y a un mois.
Sur 39 économistes interrogés, 37 ont estimé qu’une aggravation de la guerre en Ukraine constituait le principal risque pour l’économie de la zone euro au cours des 12 prochains mois. Seuls deux d’entre eux ont placé une éventuelle résurgence de l’épidémie de COVID-19 comme principal danger.