La Réserve fédérale américaine (Fed) a relevé mercredi son principal taux d’intérêt d’un demi-point, sa plus importante hausse depuis près de 22 ans, et annoncé qu’elle commencerait à réduire son bilan le mois prochain, accélérant ainsi le resserrement de sa politique monétaire face à l’inflation.
L’objectif de taux des fonds fédéraux (« fed funds »), le principal instrument de la politique monétaire de la Fed, est porté entre 0,75% et 1%, comme attendu par tous les économistes et analystes interrogés par Reuters avant la réunion du Federal Open Market Committee (FOMC).
Cette décision a été prise à l’unanimité.
Malgré la contraction du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis au premier trimestre, « les dépenses des ménages et l’investissement des entreprises restent solides. La croissance de l’emploi a été robuste », déclare le Comité de politique monétaire de la banque centrale américaine dans un communiqué publié à l’issue de deux jours de débat à Washington.
L’inflation « reste élevée » et la guerre en Ukraine comme les nouveaux confinements sanitaires en Chine menacent d’alimenter les pressions à la hausse sur les prix, ajoute-t-il, soulignant que « le Comité est très attentif aux risques inflationnistes ».
Le communiqué précise que le bilan de la Fed, qui a fortement augmenté ces dernières années pour atteindre près de 9.000 milliards de dollars (8.530 milliards d’euros) en raison des achats massifs d’obligations qu’elle a engagés pour maintenir des taux bas et soutenir l’économie, pourra diminuer de 47,5 milliards par mois au maximum en juin, juillet et août, puis de 95 milliards par mois à partir de septembre.
Le président de la Fed, Jerome Powell, doit commenter ces décisions et l’évolution de la conjoncture lors d’une conférence de presse à partir de 18h30 GMT.
Sur les marchés, le rendement des bons du Trésor à dix ans réduisait légèrement sa progression à 2,9793% quelques minutes après les annonces de la Fed, contre 2,985% juste avant. À Wall Street, l’indice Standard & Poor’s 500 gagnait 0,45% au même moment tandis, que sur le marché des changes, le dollar cédait du terrain face aux autres grandes devises (-0,21%).
La Fed avait relevé mi-mars l’objectif des « fed funds » d’un quart de point malgré le souhait de plusieurs membres du FOMC d’une hausse plus importante, la majorité ayant privilégié la prudence, trois semaines seulement après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
L’inflation a depuis connu une nouvelle accélération, la guerre déclenchée par Moscou ayant fait bondir les prix de l’énergie et des produits alimentaires, tandis que le retour au confinement dans plusieurs régions de Chine pour combattre la résurgence de l’épidémie de COVID-19 perturbait une nouvelle fois les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les statistiques sur l’emploi aux Etats-Unis ont parallèlement reflété des tensions sur le marché du travail, la pénurie de main-d’oeuvre favorisant l’augmentation des salaires.