La plateforme médicale Med.tn a organisé une table ronde sur les méfaits du tabagisme le mercredi 25 mai 2022 à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, célébrée chaque année le 31 mai. L’événement s’est déroulé en présence du médecin expert Dhaker Lahidheb, cardiologue, ancien professeur à l’université de médecine et hôpital militaire tunisien, du médecin nutritionniste Zoubeir Chater et du pneumologue-asthmo-allergologue Ridha Ben Arif.
Les médecins ont partagé avec les journalistes les dernières découvertes et recherches liées au tabagisme. La discussion a porté une attention particulière à l’évolution de la prévalence du tabagisme avant de passer en revue les politiques de contrôle et leurs évaluations, ainsi que l’aide au sevrage et d’autres alternatives moins nocives à l’arrêt du tabac, telles que les e-cigarettes et le tabac chauffé.
L’enquête sanitaire tunisienne de 2016 a révélé que 22,3% des adultes étaient des fumeurs et qu’ils consomment en moyenne près d’un paquet de cigarettes par jour. Selon les chiffres de la banque mondiale, le taux de tabagisme en Tunisie pour 2018 était de 26%, soit une baisse de 1,1% par rapport à 2016. En 2016, il était de 27,10%, soit une baisse de 1,5% par rapport à 2014. Malgré cette baisse, la Tunisie se positionne toutefois comme un pays ayant un taux de tabagisme élevé, le deuxième dans le monde arabe après le Liban.
Spécialiste en diététique médicale, Dr Zoubeir Chater a déclaré que le soutien accordé au patient constitue la base de la prise en charge et que l’intensité de dépendance à la nicotine permet de définir le niveau de Traitement Nicotinique de Substitution (TNS). « Cette solution réduit considérablement l’envie de fumer, contribue à soulager les symptômes de sevrage et permet d’éviter les rechutes dues à la dépendance » a-t-il expliqué. Dr Ben Arif a ajouté qu’il est plus simple d’arrêter la cigarette progressivement et que la cigarette électronique pourrait accompagner les fumeurs dans une démarche de sevrage tabagique progressive tant que les alternatives à base de nicotine et les médicaments ne sont pas toujours disponibles en Tunisie. C’est ce que Dr Lahidheb a confirmé en reconnaissant que la vape et le tabac chauffé pourrait constituer un outil de réduction des risques et peuvent être utilisés momentanément en tant qu’aide au sevrage tabagique.
Il est à noter que la cigarette électronique est utilisée aujourd’hui dans certains pays comme un outil de sevrage. Une étude australienne récemment publiée dans la revue Addiction confirme ainsi la récente publication de Public Health England, qui indiquait en 2021 que « les taux d’arrêt avec la vape sont bien plus élevés qu’avec n’importe quelle autre méthode, dans toutes les régions d’Angleterre ». L’étude australienne conclut à des résultats jusqu’à 124 % supérieurs à l’arrêt sans substitut. Il en est de même pour le Japon, où l’introduction du tabac chauffé a permis de diviser par trois la prévalence tabagique. Bien que ces produits ne soient pas sans risque, ils ont le potentiel de servir de stratégie complémentaire aux interventions existantes liées au tabagisme pour les fumeurs qui sont autrement incapables ou non disposés à arrêter de fumer.