Le Sénégal devrait être le pays africain connaissant la plus forte croissance en 2023. Telle est l’estimation de la Banque africaine de développement (BAD) dans ses prévisions publiées à l’occasion de l’AG de l’institution qui s’est déroulée à Accra au Ghana du 23 au 27 mai dernier.
Les économistes de la banque présidée par le Nigérian Akinwumi Adesina chiffrent à 4,1 %, la croissance globale du continent cette année, ceci après le fort rebond de 6,9% de 2021 lié au début de sortie de la crise sanitaire covid 19. L’an prochain, cette croissance du continent devrait s’établir autour de 4,1 % seulement sous l’effet de plusieurs facteurs négatifs. Ceux-ci tiennent essentiellement aux contraintes budgétaires croissantes et à la poussée inflationniste, notamment sur les produits de base et produits industriels, phénomènes liés à la guerre en Ukraine et la politique zéro covid en Chine. A cela s’ajoute un déficit persistant de financement externe du continent qui retarde, notamment la mise en œuvre des projets d’infrastructures structurants ou le financement des entreprises.
En attendant 2023, les cinq économies les plus dynamiques en Afrique seront pour l’année en cours, le Rwanda (+6,9%), le Niger (+6,5%), Maurice (+6,2%), la RD Congo (+6,2%), le Bénin (+6,1%). Ces pays sont suivis de près par la Côte d’Ivoire (+6 %), le Togo (+5,8 %), l’Egypte (+5,7 %) et le Soudan du Sud (+5,3%).
Cette année, aucune économie africaine ne devrait connaître de récession. Parmi les pays les moins dynamiques, on relève en particulier le Maroc (+1,8%, puis 3,3% en 2023) essentiellement en raison d’une mauvaise récolte agricole cette année. Après une récession de 6,3% en 2020, l’Afrique du Sud, quant à elle, reste encalminée dans les profondeurs du classement à 1,8 % de croissance seulement cette année. La Tunisie se situant à 2,5%.
Le Nigeria, première économie du continent, devrait progresser de 3,4 % cette année et seulement 3 % en 2023.
A noter que la flambée des cours de nombreuses matières premières extractives et des hydrocarbures dans l’ensemble joue, comme à l’accoutumée, un rôle contrasté en Afrique, suivant le profil de chaque pays et globalement neutre à l’échelle du continent.
Pour 2023, outre le Sénégal dont la croissance record s’explique en bonne part par la mise en production attendue des projets pétroliers et gaziers offshore Sangomar et Grand Tortue Ahmeyim, plusieurs pays dépasseront les 6% de croissance, selon les économistes de la BAD. Parmi ceux-ci, outre le Sénégal, on compte notamment le Rwanda (+7,90 %), le Niger (+7,20 % ), le Togo (+6,80 %), la Côte d’Ivoire (+6,70 % ) et la RD Congo (+6,50 %).
A noter que cette année, l’Assemblée générale de la Banque africaine de développement était centrée sur le changement climatique, son impact sur le continent et les moyens mis en œuvre pour développer les énergies bas carbone (y compris le gaz naturel) et le processus d’adaptation. Selon l’institution panafricaine basée à Abidjan, l’Afrique aurait besoin d’environ 1300 à 1600 milliards de dollars au total sur la période 2020–2030 « pour répondre de manière adéquate aux changements climatiques ». Parmi ces besoins d’investissement, les coûts d’adaptation, à eux seuls, sont estimés entre 259 et 407 milliards de dollars. Face à ces besoins, selon la BAD, le déficit de financement « vert » se situe dans un fourchette comprise entre 99,9 et 127,2 milliards de dollars par an sur cette même période 2020–2030.