La Bundesbank a fortement abaissé vendredi ses prévisions de croissance pour l’économie allemande et s’attend à une accélération de l’inflation en raison de la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, ce qui devrait plomber davantage le pouvoir d’achat et la confiance des consommateurs.
La banque centrale allemande table désormais sur une croissance de 1,9% du produit intérieur brut (PIB) en 2022, soit bien en dessous de sa prévision d’une croissance de 4,2% donnée en décembre.
La Bundesbank s’attend à ce que la croissance ressorte à 2,4% en 2023, contre 3,2% auparavant.
« Le scénario de base des projections repose sur l’hypothèse que la guerre [en Ukraine] et ses conséquences ne s’intensifieront pas davantage », a déclaré l’institution allemande.
La banque prévoit une hausse de l’indice des prix à la consommation à 7,1% cette année, soit bien plus que les 3,6% donnés en décembre. En 2023, l’inflation est désormais attendu à 4,5%, contre 2,2% précédemment.
« L’inflation cette année sera encore plus forte qu’au début des années 1980 », a déclaré le président de la Bundesbank, Joachim Nagel.
« Les pressions sur les prix se sont même encore intensifiées récemment, ce qui n’est pas pleinement retranscrit dans les projections actuelles », a déclaré Joachim Nagel. « Si l’on suppose que cette évolution se poursuit, le taux d’inflation annuel moyen pour 2022 pourrait être nettement supérieur à 7%. »
Jeudi, la Banque centrale européenne a relevé une nouvelle fois ses prévisions d’inflation, tablant désormais sur une hausse des prix de 6,8% cette année, contre 5,1% dans ses prévisions de mars, et a abaissé ses prévisions de croissance pour prendre en compte l’impact de la guerre en Ukraine sur l’activité économique et sur les prix.
En 2024, dernière année de l’horizon de projection de la Bundesbank, l’inflation allemande devrait atteindre 2,6%, soit encore légèrement au-dessus de l’objectif de 2% fixé par la BCE pour l’ensemble de la zone euro.
« Les taux d’inflation de la zone euro ne vont pas baisser d’eux-mêmes », a ajouté Joachim Nagel. « La politique monétaire est appelée à ralentir l’inflation par le biais d’une intervention déterminée. »
La BCE a annoncé qu’elle relèverait ses taux en juillet de 25 points de base et qu’une hausse encore plus importante pourrait être nécessaire en septembre si l’inflation ne ralentit pas.