Après une croissance moyenne de +3% sur les années 2019/2020, l’exercice 2021 marque un saut du CA de +29% comparé à 2020 à 325,9MDt, mais ressort en décalage de 8% par rapport aux prévisions (352MDt).
Cette croissance se justifie (1) par une progression du chiffre d’affaires local de +14% (à 214 MDt) profitant essentiellement de la hausse des quantités vendues sur le marché local de + 6% ce qui porte sa part de marché à 25% vs 24% en 2020 et 22% en 2019.
Les ventes locales demeurent la principale source de revenu pour le cimentier, représentant 77% du total revenu. Et (2) par un bond des ventes (clinker et ciment) à l’export, qui ont plus que quadruplé à 48 MDt profitant de la conjonction quantité/ prix suite à l’accroissement de la demande sur le marché européen (nouveaux contrat).
Les activités Agrégats et Béton prêt à l’emploi ont aussi réalisé une hausse du chiffre d’affaires, soit respectivement +6% (à 18,866 MDt) et +10% (à 11,868 MDt) par rapport à l’exercice précédent et reste pénalisé par la concurrence déloyale Par ailleurs, suite à un renchérissement des matières premières (le prix de son principal intrant, le Pet coke est passé de 90$ la tonne en 2019 à 190$ la tonne en 2020), le taux de marge brute s’est effrité de 4 points de pourcentage par rapport à 2020 (à 53,7%) mais affiche un gain de +9 points de pourcentage par rapport à 2019, une situation qui résulte de l’arrêt de 2 mois (choix de la société) pour consommer le stock existant.
Parallèlement et suite à une augmentation des charges de personnels de +17,7%, la marge d’EBITDA passe de 40% à fin 2020 à 36% au terme de 2021 (mais reste bien en dessus de la moyenne des cinq dernières années 18% sur la période 2017/2019).
En fin de parcours, le RCAI se voit augmenter de 12,3 MDt environ en passant de 19,5 MDt en 2020 à 32,26 MDt en 2011 et ce suite à la baisse des charges financières (à 43,87MDt). Le RCAI a également profité de 4,67 MDt de gain d’impôt* vs 19,6 MDt en 2020.
Enfin le bottom-line évolue par conséquent dans le même sens de l’évolution du CA avec un bond du résultat net de +63% (à 31,5 MDt) entrainant, toute chose égale par ailleurs, une progression de la marge nette de deux points de pourcentage qui passe de 8% à 10% et du ROE (rentabilité des fonds propres) de 7 points de pourcentage à 23%. La structure financière s’améliore La société affiche un free cash flow positif (50,8 MDt) contre 13,9 MDt à fin 2020 retrouvant ainsi son niveau de 2018. Bien qu’en amélioration, la structure financière de Carthage Cement reste très endettée affichant un gearing de 277% (vs 351% à fin 2020).
Perspectives d’avenir
Ambitieux malgré le contexte d’enchérissement des matières premières et le coût de transport, le management table sur une croissance moyenne de son chiffre d’affaires de +11% sur la période 2022/2025 (à 516,3 MDt). Le taux de marge brute devrait se stabiliser à 49% bien loin des 57,8% réalisé en 2020 et ce au vu de la flambée des prix des matières premières qui persiste.
Le management compte sur l’optimisation des coûts de l’énergie en remplaçant le Coke de pétrole par la RDF (Refuse Derived Fuels), transformation des déchets, ce qui permettra à l’usine de réduire sa facture énergétique de 50% (une tonne RDF vaut140 $ vs 280$ la tonne de Cooke de pétrole). Une stratégie qui reste tributaire de l’accord de l’Etat. Le bénéfice net devrait évoluer à un rythme plus important que le chiffre d’affaires, d’en moyenne +39% sur la période du business plan pour franchir les 100MDt à l’horizon du business plan à 105 MDt portant le taux de marge nette à 20,36% d’ici 2025 et ce grâce à la conjonction de deux facteurs : l’amélioration de l’exploitation et la baisse des charges financières.
Par ailleurs, la société compte poursuivre sa démarche en vue de se déployer sur ses marchés cibles, à l’image du centre de broyage installé en Italie (entré en production en avril 2022) plusieurs centres similaires, pour faciliter le transport, tout comme l’installation de silos flottants dans le port pour simplifier les opérations d’export et réduire les temps d’attente.
En outre, concernant la cession de la participation de l’Etat, l’opération est toujours d’actualité, la décision de remettre sur le marché les 58,2% du capital détenus par Alkarama Holding via un nouvel appel d’offre se fera à la fin 2022.
Valorisation
Après une année boursière 2021 difficile, où le titre a été sanctionné pour le 2ème échec de l’opération de cession, le cours de l’action reprend timidement des couleurs au cours de 2022 affichant une performance de 2,3% depuis le début de l’année.
Le cimentier est valorisé 9,6x son bénéfice estimé 2022 et 6,8 fois son EBITDA. Au vue de la réussite de sa restructuration opérationnelle et de ses perspectives prometteuses (bien que jugées optimistes), nous recommandons de conserver et/ou d’acheter le titre.
Par Mouna MEKSI – cgi.tn