Les Bourses européennes ont terminé en baisse mardi et Wall Street évoluait également dans le rouge à mi-séance, la nervosité dominant sur les marchés d’actions à l’entame de la réunion de deux jours de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui devrait se solder mercredi par une forte hausse des taux d’intérêt, malgré les craintes d’une récession.
À Paris, le CAC 40 a fini en baisse de 1,35% à 5.979,47 points. Le Dax allemand a abandonné 1,03%. Le Footsie britannique a cédé 0,61% après trois jours de fermeture liée aux funérailles de la reine Elizabeth.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 0,93%, le FTSEurofirst 300 de 1,02% et le Stoxx 600 de 1,09%.
L’attente des décisions du Federal Open Market Committee (FOMC) de la Fed n’a guère incité à la prise de risque en Europe où l’indice de la volatilité sur le Stoxx 600 a terminé sur un gain de 3,7% à 27,15 points, tandis que son équivalent américain avançait de 3,14% à 26,57, proche du sommet de deux mois inscrit la semaine dernière.
« Les traders sont extrêmement prudents avant l’annonce de la Fed de demain », a souligné Peter Cardillo, chef économiste chez Spartan Capital Securities.
Alors qu’une nouvelle hausse des taux de la Fed de 75 points de base ne fait plus débat, les investisseurs chercheront surtout, selon Peter Cardillo, a déterminer si un relèvement de cette ampleur sera désormais la norme pour les prochaines réunions de la banque centrale américaine.
La banque centrale de Suède a surpris mardi en annonçant une hausse de 100 points de son taux d’intérêt directeur, à 1,75%, et elle a averti qu’elle prévoyait de poursuivre le resserrement de sa politique monétaire pour lutter contre l’inflation.
Les décisions de politique monétaire de la Banque d’Angleterre (BoE), de la Banque du Japon (BoJ) et de la Banque nationale suisse (BNS) seront connues jeudi. La Suisse a par ailleurs nettement réduit mardi ses prévisions de croissance, à 2% pour cette année et à 1,1% pour 2023.
« Une politique monétaire plus restrictive dans le monde augmentera la menace sur les actifs à risque », a prévenu mardi la banque ING.
VALEURS
En Europe, hormis le tourisme et les loisirs (+0,2%), tous les autres secteurs ont fini dans le rouge, y compris le compartiment bancaire (-0,08%) qui a effacé en clôture les gains antérieurs liés aux anticipations de remontée de taux d’intérêt.
L’immobilier (-4,1%), qui devrait souffrir du renchérissement du coût du crédit, a accusé la plus forte baisse sectorielle.
Unibail-Rodamco et Klépierre ont perdu respectivement 4,29% et 4,39%.
Côté résultats d’entreprises, le groupe britannique de magasins de bricolage Kingfisher (-3,92%) a été pénalisé par la chute de près de 30% de son bénéfice semestriel, tandis que l’allemand Henkel, en hausse de 1,22%, a bénéficié du relèvement de sa prévision de croissance organique pour cette année.
Fortum, premier actionnaire d’Uniper (+3,83%), a bondi de 9,5% à la faveur de l’annonce d’un plan de nationalisation du fournisseur allemand d’énergie, qui se traduira par le rachat de la participation du groupe finlandais par les pouvoirs publics allemands.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 1%, le Standard & Poor’s 500 de 0,96% et le Nasdaq de 0,53%. Tous les grands secteurs du S&P-500 sont dans le rouge.
Les groupes technologiques connaissent des fortunes diverses avec des achats à bon compte sur Apple (+1,91%) et Tesla (+1,35%), tandis qu’Alphabet (-0,90%) et Amazon (-0,50%) sont délaissés.
Paypal recule de 2,55% après un abaissement de recommandation.
Ford chute de 9,74%, le constructeur automobile ayant déclaré lundi que ses coûts d’approvisionnement augmenteraient d’environ un milliard de dollars de plus que prévu sur le troisième trimestre. Son concurrent General Motors cède 4,63%.
CHANGES
Le dollar, en hausse de 0,28% face aux autres grandes devises, se rapproche de son pic de 20 ans inscrit le 7 septembre. Le billet vert profite à la fois de son statut d’actif refuge et de la perspective d’une forte hausse des taux, la probabilité d’un relèvement du coût du crédit de 100 points de base mercredi étant de 19% selon le baromètre Fedwatch.
L’euro retombe sous la parité avec le billet vert, à 0,9989 dollar (-0,33%).
TAUX
Les rendements obligataires en Europe ont terminé en forte hausse, tirés notamment par les chiffres des prix à la production en Allemagne, qui ont enregistré en août une hausse sans précédent sur un an comme sur un mois, de respectivement 45,8% et 7,9%. Cela ouvre la voie à une nouvelle accélération de la remontée des taux dans la zone euro.
Le rendement du Bund allemand à dix ans a clôturé à son plus haut niveau depuis janvier 2014 à 1,94% (+15 points); celui à cinq ans a fini également sur un gain de 15 points à 1,84% et celui à deux ans, le plus sensible à l’évolution des taux, a bondi de plus de 12 points à 1,72%.
D’après les anticipations sur l’évolution du coût du crédit en zone euro, le taux interbancaire devrait atteindre 2,7% en août 2023.
Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans avance de neuf points à 3,57% et celui à deux ans d’environ trois points à 3,97%.
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont pénalisés par la vigueur du dollar qui pourrait affecter la demande. Les signes de tensions sur l’offre limitent cependant l’ampleur de la baisse, un document de l’Opep+ ayant montré que la production de l’organisation a été inférieure en août à l’objectif prévu de 3,583 millions de barils par jour (bpj).
Le Brent reflue de 1,82% à 90,33 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 1,9% à 84,1 dollars.