Les Bourses européennes ont fini dans le rouge jeudi et Wall Street reculait à mi-séance, la remontée quasi générale des taux d’intérêt et les multiples avertissements sur les risques de récession plombant le moral des investisseurs.
Le marché des changes, de son côté, est animé par l’intervention des autorités japonaise pour enrayer la chute du yen, la première depuis 24 ans.
À Paris, le CAC 40 a perdu 1,87% (112,83 points) à 5.918,50 points, son plus bas niveau de clôture depuis le 14 juillet. À Londres, le FTSE 100 a reculé de 1,08% et à Francfort, le Dax a abandonné 1,84%.
L’indice EuroStoxx 50 a terminé sur une baisse de 1,85%, le FTSEurofirst 300 de 1,74% et le Stoxx 600 de 1,79%, au plus bas depuis février 2021.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le rouge, le Dow Jones cédant 0,3%, le Standard & Poor’s 500 0,74% et le Nasdaq Composite 1,39%.
L’indice mondial MSCI a quant à lui touché son plus bas niveau depuis novembre 2020.
Les valeurs technologiques et de croissance américaines sont les plus touchées par le discours tenu mercredi par le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, qui a justifié la poursuite de la hausse des taux par la nécessité de faire baisser l’inflation tout en reconnaissant que ce processus ne serait pas indolore, même s’il n’est pas allé jusqu’à prononcer le mot « récession ».
La Banque d’Angleterre (BoE), pour sa part, a relevé son taux directeur d’un demi-point, comme attendu, tout en expliquant prévoir une deuxième contraction consécutive du produit intérieur brut (PIB) britannique au troisième trimestre, ce qui correspondrait à la définition d’une récession technique.
Avant la BoE, la Banque nationale suisse (BNS) et la Norges Bank, la banque centrale norvégienne, avaient elles aussi relevé leur principal taux alors que la Banque du Japon avait choisi de maintenir le statu quo pour soutenir l’économie.
C’est ce décalage de plus en plus marqué entre les stratégies monétaires du Japon et des autres grandes économies développées qui a précipité l’intervention de Tokyo sur le marché des changes.
CHANGES
Cette intervention a permis d’interrompre la chute du yen: alors qu’il se dirigeait vers un nouveau plus bas de 24 ans à près de 146 pour un dollar, il est remonté autour de 140 avant de se stabiliser autour de 142, en hausse de 1,38%.
La plupart des cambistes estiment cependant que ce répit n’est pas tenable.
« Sur les trois à six prochains mois, voire au-delà, aussi longtemps que les stratégies monétaires divergentes resteront en place et que les différences persisteront, on continuera à voir le yen s’affaiblir », prédit ainsi Brendan McKenna, économiste et stratège devises de Wells Fargo Securities.
La livre sterling, de son côté, réduit ses pertes face au billet vert à 1,1273 après un plus bas de 37 ans à 1,1213.
L’euro limite son repli à 0,02%, à 0,9835 dollar, non loin du plus bas de 20 ans touché en début de journée à 0,9807.
TAUX
Les annonces de la Fed et la perspective d’une poursuite de la remontée des taux directeurs ont favorisé une nouvelle envolée des rendements obligataires européens: en fin de séance, le deux ans allemand prenait près de neuf points de base à 1,836% après un plus haut de plus de 11 ans à 1,897%.
Le dix ans montait alors à 1,963%, son plus haut niveau depuis septembre 2013.
L’explication de ces mouvements se trouve sur le marché américain, où la hausse des rendements s’accélère: le deux ans prend plus de 13 points de base à 4,1223% et le dix ans près de 16 points à 3,6661%.
L’écart entre les deux échéances a brièvement atteint 58 points, reflétant l’inversion de la courbe des taux la plus marquée depuis 2000, soit une montée du risque estimé de récession à l’horizon d’un à deux ans.
VALEURS
En Europe, parmi les replis sectoriels les plus marqués du jour, le compartiment de l’immobilier a chuté de 4,28% et celui des hautes technologies de 4,24%.
Au sein du CAC 40, STMicroelectronics a abandonné 5,96% et Unibail-Rodamco-Westfield 5,98%.
L’indice européen des banques, soutenu par la hausse des taux, synonyme d’amélioration des marges de crédit n’a cédé que 0% et certains grands noms du secteur ont fini dans le vert comme Société générale (+1,60%).
PÉTROLE
Les cours du pétrole continuent de profiter du regain de tension géopolitique autour de l’Ukraine, un mouvement qui s’est accéléré après les informations selon lesquelles l’Union européenne cherche une solution pour plafonner le prix du brut exporté par la Russie.
Le Brent gagne 0,95% à 90,68 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 1,01% à 83,78 dollars.