Les marchés financiers britanniques restent sous tension mercredi après les critiques du Fonds monétaire international (FMI) et de l’agence de notation Moody’s visant la nouvelle stratégie économique de Londres, qui a fait chuter la livre sterling et bondir le coût de la dette publique.
L’indice FTSE 100 de la Bourse de Londres perdait 1,47% en milieu de matinée et le FTSE 250, plus dépendant de la demande intérieure, abandonnait 2,75%. Sur le marché des changes, la livre cédait 0,47% face au dollar au même moment et sur celui des emprunts d’Etat, le rendement des obligations britanniques à dix ans avoisinait 4,5%.
Les rendements à 20 et 30 ans, eux, ont dépassé 5% en début de séance. Le coût de financement de la dette publique se dirige ainsi vers sa plus forte hausse sur un mois depuis au moins 1957.
La livre sterling a chuté de plus de 5% face au billet vert depuis la présentation vendredi des grandes lignes du plan de relance du gouvernement Truss, marqué par des allègements fiscaux massifs mais non financés, qui risquent de creuser fortement le déficit budgétaire.
Les appels au ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, pour qu’il modifie son projet se sont multipliés ces derniers jours, d’autant que la crise ajoute aux tensions déjà fortes sur les marchés de taux mondiaux.
« Étant donné les pressions inflationnistes élevées dans de nombreux pays, y compris le Royaume-Uni, nous ne recommandons pas des paquets budgétaires importants et non ciblés à ce stade car il est important que la politique budgétaire n’oeuvre pas à contre-courant de la politique monétaire », a déclaré un porte-parole du FMI mardi soir.
Des propos dans lesquels Jim Reid, l’un des responsables de la stratégie d’investissement de Deutsche Bank, dit voir une « réprimande (…) assez cinglante ».
MOODY’S PARLE DE « CHOC DE CONFIANCE »
L’intervention du FMI est d’autant plus remarquée que Londres avait dû faire appel à l’aide du Fonds en 1976, en pleine crise de la balance des paiements, ce qui reste comme un épisode humiliant de l’histoire économique du pays.
De son côté, Moody’s a estimé dans un communiqué que les mesures de baisses des impôts et taxes envisagées par Londres risquaient d’avoir un effet défavorable sur le crédit du Royaume-Uni.
« Un choc de confiance marqué, lié aux inquiétudes des marchés quant à la crédibilité de la stratégie budgétaire du gouvernement, qui se sont traduites par une hausse structurelle des coûts de financement, pourrait affaiblir durablement la soutenabilité de la dette du Royaume-Uni », prévient l’agence de notation.
Avant les déclarations du FMI, l’économiste en chef de la Banque d’Angleterre avait expliqué que celle-ci devrait annoncer une hausse de taux « significative » à l’issue de sa prochaine réunion de politique monétaire, début novembre, et qu’elle prendrait en compte l’impact des turbulences financières actuelles dans ses prévisions.
La banque centrale a déjà relevé ses taux de plus de deux points de pourcentage ces derniers mois pour tenter d’endiguer une inflation proche de 10%.
Une source au ministère des Finances a dû démentir mercredi une information de Sky News selon laquelle Kwasi Kwarteng s’apprêtait, à l’occasion d’une rencontre avec des banquiers, à leur demander de ne pas parier contre la livre.