Le yen repart à la baisse face au dollar lundi malgré des suspicions d’une nouvelle intervention directe des autorités japonaises sur le marché pour endiguer la chute de la monnaie nationale.
Depuis le début d’année, la devise a baissé d’environ 34% face au billet vert, une dépréciation vertigineuse qui a poussé les autorités à exprimer plusieurs fois leur préoccupation. Une baisse de la monnaie impacte les prix à l’importation, déjà très élevés, et remet en question l’engagement de la Banque du Japon à maintenir sa politique de taux quasi nuls.
Le yen est monté en séance à 145,61 pour un dollar, un pic de deux semaines, suggérant que Tokyo était de nouveau sur le marché après des soupçons d’intervention déjà vendredi.
« Nous ne ferons pas de commentaire », a déclaré à la presse Masato Kanda, vice-ministre des Finances pour les affaires internationales.
« Nous surveillons le marché 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 tout en prenant les mesures appropriées. Nous continuerons également à le faire à partir de maintenant », a-t-il ajouté.
Le yen n’est toutefois pas parvenu à maintenir ses gains du début de séance et affichait vers 09h55 GMT un recul de 1,17% à 149,37 pour un dollar, les cambistes restant focalisés sur la divergence croissante entre la politique monétaire ultra-accommodante de la BoJ et la remontée des taux d’autres grandes banques centrales, comme la Réserve fédérale (Fed).
« Dans les crises passées impliquant la livre britannique et la lire italienne, les autorités ont fini par échouer à défendre leurs monnaies. De même, l’intervention furtive du Japon n’a que des effets limités », a déclaré Daisaku Ueno, responsable de stratégie changes chez Mitsubishi UFJ Morgan Stanley Securities.
« La force du dollar est le principal facteur de la faiblesse du yen. Si les Etats-Unis indiquent une pause dans leur hausse de taux, voire une baisse, le yen va arrêter de s’affaiblir, même sans intervention », a-t-il ajouté.
Selon les estimations des sociétés de courtage du marché monétaire de Tokyo, le Japon a probablement acheté pour 5.400 à 5.500 milliards de yens (36,82 à 37,5 milliards d’euros) lors de sa supposée intervention vendredi dernier.
C’est beaucoup plus que les quelque 2.800 milliards de yens que le Japon a annoncé avoir dépensés pour soutenir sa monnaie le 22 septembre, sa première intervention depuis 1998.
La situation critique du yen met la BoJ sous pression avant sa réunion de politique monétaire jeudi et vendredi, qui devrait néanmoins se solder par un statu quo.