Les risques entourant la stabilité financière dans la zone euro sont en train d’augmenter à mesure que l’économie se rapproche de la récession, a déclaré mercredi la Banque centrale européenne (BCE), en soulignant que ces risques affectaient particulièrement les ménages, les entreprises et les Etats endettés.
L’augmentation des prix de l’énergie a porté la probabilité d’une récession à 80% et la remontée des taux d’intérêt censée freiner la hausse des prix alimente déjà la volatilité des marchés et l’augmentation du coût des dettes.
« Les risques pour la stabilité financière dans la zone euro ont augmenté sur fond d’envolée des prix de l’énergie, d’inflation élevée et de croissance économique faible », résume la BCE dans sa Revue de stabilité financière semestrielle.
« L’ensemble de ces vulnérabilités pourraient se concrétiser simultanément et donc se renforcer les unes les autres. »
Le secteur bancaire de la zone euro est jugé globalement solide et il va bénéficier d’une amélioration de sa rentabilité liée à la hausse des taux d’intérêt.
Mais à plus long terme, les difficultés économiques pourraient limiter la capacité des emprunteurs à rembourser leurs dettes, tandis que les banques pourraient se trouver confrontés à une augmentation de leurs coûts et à un ralentissement de la croissance du crédit.
« Si le secteur bancaire a récemment connu un redressement de sa rentabilité avec la hausse des taux d’intérêt, on observe des signes de détérioration de la qualité du crédit, ce qui pourrait nécessiter une augmentation des provisions », explique la BCE.
La capacité des Etats à maintenir le niveau actuel de dépense publique est en outre limitée et les mesures prises par bon nombre d’entre eux pour tenter de limiter l’impact de l’inflation sur les ménages risque de raviver les préoccupations liées à la dette publique, ajoute-t-elle.
« Les niveaux élevés de dette publique après la pandémie, conjugués au resserrement des conditions de financement, limitent les marges de manoeuvre permettant des mesures budgétaires expansionnistes qui ne se traduiraient pas par des risques en matière de soutenabilité de la dette », estime la BCE.
L’ensemble de ces facteurs augmentent le risque d’un ajustement désordonné sur les marchés financiers, susceptible d’affecter le reste de l’économie.
Pour autant, a souligné Luis de Guindos, le vice-président de la banque centrale, lors d’une conférence de presse, l’institution doit continuer de donner la priorité à la lutte contre l’inflation.
« Il est très difficile d’atteindre la stabilité financière sans la stabilité des prix », a-t-il dit. « Je crois que le principal risque pour la stabilité financière aujourd’hui, c’est le fait d’avoir une inflation aussi élevée. »