Le ratio d’endettement des pays émergents a retrouvé son plus haut niveau historique au troisième trimestre malgré la diminution de 6.400 milliards de l’encours de dettes mondial, à 290.000 milliards, grâce à la vigueur du dollar et au ralentissement des émissions, montre mardi un rapport de l’Institute of International Finance (IIF).
Le creusement des déficits budgétaires et le ralentissement de la croissance ont fait remonter le ratio dette/produit intérieur brut (PIB) des économies en développement à 254%, soit le record atteint au premier trimestre 2021, précise le « Global Debt Monitor » de l’IIF.
Le montant total des dettes de ces pays a toutefois diminué, à 96.200 milliards de dollars contre 98.700 milliards trois mois plus tôt.
À l’échelle mondiale, le ratio dette/PIB affiche un sixième trimestre consécutif de recul, à 343%.
L’envolée des prix de l’énergie et des produits alimentaires a favorisé la hausse des taux d’intérêt et des coûts de financement au moment où les Etats augmentaient la dépense publique, et donc leurs besoins d’emprunts, afin de soutenir l’activité.
Selon l’IIF, les pays qui empruntent à haut rendement ont vu leur « spreads » (l’écart entre leur taux de financement et les taux de référence) se creuser d’environ 400 points de base en moyenne cette année.
« Face au resserrement des conditions de financement à l’échelle mondiale, l’accès aux marchés internationaux est devenu cette année encore plus difficile pour de nombreux emprunteurs à haut rendement », écrit Emre Tiftik, directeur de la recherche sur la soutenabilité de l’IIF et coauteur du rapport.
LA DÉPENDANCE AU DOLLAR RESTE FORTE
« La charge d’intérêts globale des emprunteurs souverains est appelée à augmenter rapidement, notamment pour l’Afrique sub-saharienne mais aussi pour les pays émergents d’Europe. »
L’augmentation du service de la dette pourrait particulièrement pénaliser les pays les plus exposés aux effets du dérèglement climatique, ajoute l’IIF dans ce rapport publié deux jours après la fin de la COP27 au Caire.
Cette conférence internationale a débouché sur un accord sur les « pertes et dommages » censé permettre le financement d’un mécanisme de compensation au bénéfice des pays pauvres les plus touchés par l’impact du changement climatique.
Le rapport de l’IIF explique aussi qu’en dépit de la diminution de la dépendance à la dette en dollars ces dernières années, celle-ci reste élevée en Amérique latine et en Afrique et expose donc de nombreux pays aux fluctuations des taux de change.
Le dollar s’est apprécié de près de 12% depuis le début de l’année face aux autres grandes devises et de 7% face aux monnaies des pays émergents.
En dehors du marché des dettes souveraines, ajoute la fédération bancaire, la hausse des taux d’intérêt touche particulièrement les PME et les foyers à bas revenus, « étant donné leur forte dépendance aux financements à maturité courte ».
Selon le rapport, une petite entreprise sur trois dans les pays avancés est confrontée à des difficultés de paiement des intérêts de ses dettes.