Renault et Nissan ont présenté lundi une nouvelle alliance pour les quinze prochaines années, basée sur une relation plus équilibrée et plus libre mais aussi sur une mutualisation accrue dans certaines régions du monde.
Pendant cette nouvelle ère, les deux partenaires s’engagent à figer leurs participations croisées de 15% chacun, le nouveau cadre qui se dessinera lorsque la transaction sera réalisée au quatrième trimestre.
« Nous avons un mécanisme dans le deal qui nous assure cet équilibre pendant une quinzaine d’années. Tout cet accord est réglé sur un timing plutôt long, ce n’est pas un deal de trois ans, ce qui donne aussi une idée (…) que l’alliance part sur une nouvelle phase longue », a dit une source proche du dossier.
Tournant la page du grand édifice franco-japonais forgé plus de vingt ans plus tôt, fragilisé par la chute de Carlos Ghosn, qui l’a longtemps incarné, et par des stratégies individuelles plus divergentes, l’alliance réinventée doit cependant encore produire d’importantes synergies de coûts et de revenus pour Renault, Nissan et Mitsubishi, troisième membre de l’alliance, a ajouté la source.
Celles-ci sont estimées entre quelques centaines de millions d’euros d’ici quelques années et quelque milliards d’euros à l’horizon 2030, selon elle.
« Nous sommes en train de réactiver beaucoup de projets structurants qui, théoriquement, pourraient générer des centaines de millions de bénéfices pour chacune des entreprises répartis de façon assez équitable, et peut-être si tout va très très bien, des milliards par an », a indiqué la source.
NISSAN VA INVESTIR JUSQU’À 15% DANS AMPÈRE
Les 28,4% de Nissan que Renault va céder sont placés dans une fiducie, avec un droit de « première offre » pour le groupe japonais lorsque son partenaire français décidera de vendre des titres.
L’objectif pour Renault est de monétiser ses actions quand il le souhaitera, sans peser sur le cours de Bourse de Nissan.
« Ce programme de grande envergure ouvre la voie au renouvellement et au renforcement de ce partenariat de 24 ans, en créant un nouvel esprit et en exploitant les technologies des trois membres de l’Alliance », ont dit les trois partenaires dans un communiqué commun.
« Ce nouveau partenariat créera des opportunités additionnelles de croissance et améliorera l’efficacité opérationnelle de chaque entreprise pour innover et se transformer sur le marché automobile et des nouvelles mobilités, qui évolue rapidement. »
La nouvelle alliance doit aussi aider les partenaires à rester dans la course de l’électrification. Nissan investira jusqu’à 15% dans Ampère, la future entité électrique du groupe français, tandis que Mitsubishi songe à y investir aussi.
Pour leurs gammes au-delà de 2026, Nissan et Renault Group étudieront également les possibilités de collaboration sur la prochaine génération de véhicules électriques du segment C.
DE NOUVEAUX PROJETS COMMUNS
D’autres projets communs ont été annoncés lundi entre Renault, Nissan et Mitsubishi en Amérique latine, en Inde et en Europe, afin d’obtenir des « résultats mutuellement bénéfiques, à grande échelle et tangibles » sur les marchés, les véhicules et les technologies.
Parmi ces projets, Nissan produira un nouveau modèle pour Renault au Mexique, ce qui permettra au groupe français de produire un véhicule dans le pays pour la première fois en 20 ans.
En Inde, l’un des marchés automobiles à plus forte croissance du monde, Renault et Nissan collaboreront sur plusieurs projets de nouveaux véhicules, dont des nouveaux SUV.
« C’est une alliance apaisée qui va accélérer dans les mois qui viennent la mutualisation et le travail en commun sur des régions dans lesquelles nous avions aujourd’hui peu de liens et qui étaient figées par l’absence de sentiment de confiance notamment liée à cette question baroque des relations capitalistiques », a expliqué une source.
A la Bourse de Paris, l’action Renault progressait de 0,34% dans les premiers échanges, signant une des rares hausses du CAC 40, en repli de 0,85% au même moment.