Foxconn s’empare de Sharp, un plus vis-à-vis d’Apple
Le groupe taïwanais Foxconn détiendra les deux tiers des parts du groupe d’électronique japonais Sharp à l’issue d’une augmentation de capital qui lui sera réservée, réalisant la plus grosse acquisition d’une technologique japonaise par un intervenant étranger et renforçant sa position en tant que fournisseur d’Apple.
Le groupe taïwanais Foxconn détiendra les deux tiers des parts du groupe d’électronique japonais Sharp à l’issue d’une augmentation de capital qui lui sera réservée, réalisant la plus grosse acquisition d’une technologique japonaise par un intervenant étranger et renforçant sa position en tant que fournisseur d’Apple.
Sharp a dit jeudi qu’il émettrait pour 4,4 milliards de dollars d’actions nouvelles destinées à Foxconn, dont le nom officiel est Hon Hai Precision Industry.
L’investissement total de Foxconn dans le groupe japonais en difficulté spécialisé dans les écrans à cristaux liquides devrait dépasser les 650 milliards de yens (5,26 milliards d’euros), selon une source proche du dossier.
L’action Sharp a chuté de 14% en Bourse de Tokyo, la dilution semblant supérieure à ce qui était attendu, les traders observant que l’opération prévoit l’émission d’une catégorie de titres qui seront convertibles l’an prochain.
La transaction, qui ouvre la high tech japonaise, jadis protégée, à l’investissement étranger, verra Sharp commencer à produire des écrans OLED (à diodes électroluminescentes organiques) d’ici 2018, soit au moment où Apple emploierait une nouvelle génération d’écrans pour ses iPhones.
Cela faisait cinq ans que Foxconn avait des vues sur Sharp, un actif qui, pense-t-il, lui permettra de concurrencer plus efficacement des groupes tels que Samsung Electronics .
« Sharp dispose de la technologie lui permettant de fabriquer des composants pouvant concurrencer Samsung en tant que fournisseur d’Apple, ce qui veut dire qu’avec Sharp, Foxconn peut aider Apple à se détacher de Samsung », observe Gavin Parry, directeur général de la société de courtage hongkongaise Parry International. « Cela donne à Foxconn les moyens de discuter des prix avec Apple ».
Le conseil d’administration de Sharp a accepté à l’unanimité de privilégier l’offre de Foxconn à celle soumise par un fonds d’investissement ayant l’appui de l’Etat japonais, selon des sources. Foxconn s’est abstenu de tout commentaire.
L’action Foxconn a clôturé en hausse de 2,6% en Bourse de Taïpeh.
Sharp a pour ambition de devenir un leader des écrans OLED, plus fins, plus légers et plus souples que les écrans actuels. Les coréens Samsung Display et LG Display investissent eux-mêmes massivement dans cette nouvelle technologie.
La société japonaise centenaire produisait jadis et de façon rentable des téléviseurs haut de gamme et était l’un des premiers fournisseurs d’écrans d’Apple. Mais elle a décroché ces dernières années dans la mesure où ses investissements massifs dans des sites de production d’écrans de pointe LCD se sont heurtés à une concurrence féroce sur les prix imprimée par des concurrents asiatiques.
Deux renflouements effectués par ses banques depuis 2012 ne l’ont pas réellement aidé à se redresser.
En acceptant la proposition de Foxconn, les dirigeants de Sharp ont mis de côté leurs mauvais souvenirs attachés à la rupture d’un accord conclu en 2012 en vue d’établir des liens capitalistiques.
Le gouvernement japonais et Sharp avaient opté à l’origine pour un plan d’aide conçu par Innovation Network Corp of Japan (INCJ), un organisme appuyé par l’Etat, craignant la perte d’un savoir-faire technologique au profit d’un concurrent étranger. Le fonds comptait fusionner le pôle écrans de Sharp avec Japan Display, une société où il est majoritaire.
Mais les autorités japonaises ont finalement estimé que l’initiative de Foxconn serait une bonne manière de développer l’investissement étranger direct au Japon.
Enfin, l’offre de Foxconn est une façon pour les banques de Sharp de limiter leurs pertes sur cette société.