Une baisse des taux directeurs de la Banque d’Angleterre (BoE) est une perspective encore lointaine, a déclaré mardi son chef économiste, Huw Pill, tout en saluant le ralentissement de l’inflation en Grande-Bretagne.
Selon Huw Pill, il y a plus de risques de réduire prématurément les taux que de les garder à leur niveau actuel, malgré les signes montrant une réduction des pressions inflationnistes.
Les propos du chef économiste de la BoE ont amené les investisseurs à réduire leurs anticipations d’assouplissement monétaire, la date du mois d’août n’étant plus considérée comme sûre à 100% pour une première baisse des taux.
« La combinaison d’une absence de (mauvaises) nouvelles et le temps de passage (dans le ralentissement de l’inflation) a rapproché un peu plus (le calendrier) d’une baisse du taux d’escompte », a déclaré Huw Pill dans un discours prononcé au campus londonien de la Booth School of Business de l’université de Chicago.
« Mais cette même absence de nouvelles ne me donne aucune raison de m’écarter de la ligne de base que j’ai déjà établie », a-t-il ajouté, précisant vouloir s’en tenir à l’avis exprimé le 1er mars dernier, à savoir que « le moment d’abaisser le taux d’escompte est encore éloigné ».
Prié de dire si les marchés ont raison de tabler sur une baisse des taux d’intérêt en août, Huw Pill n’a pas souhaité faire de commentaire. Il a cependant jugé opportun de maintenir une position restrictive en matière de taux directeurs.
Le chef économiste de la BoE est considéré comme un centriste au sein du comité de politique monétaire (MPC) de la banque centrale.
Le secteur privé britannique a affiché ce mois-ci la croissance d’activité la plus rapide depuis près d’un an avec un indice PMI « flash » composite à 54,0, contre 52,8 en mars, d’après les résultats de l’enquête S&P Global/CIPS publiés mardi.
« La croissance économique au Royaume-Uni a repris, certes à un rythme modeste, au cours des derniers mois, après la récession technique que nous avons connue au second semestre de l’année dernière. Et les données de l’enquête d’aujourd’hui (…) soutiennent certainement ce point de vue », a commenté Huw Pill.
Même si l’inflation devrait tomber en dessous de l’objectif de 2% de la BoE dans les mois à venir, Huw Pill a mis en garde contre une « trop grande excitation » à ce sujet, notant qu’une réaccélération des prix n’est pas exclue en fin d’année.
Huw Pill estime qu’il faudra ramener à 3-4% l’inflation des services et la croissance des salaires, contre environ 6% actuellement, pour parvenir à l’objectif d’inflation globale de 2%.
Le chef économiste de la BoE note par ailleurs que la banque centrale britannique pourrait modifier sa politique monétaire indépendamment de celle de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de celle de la Banque centrale européenne (BCE), cette dernière étant susceptible de réduire ses taux dès le mois de juin.