Les marchés boursiers européens ont terminé en territoire négatif suite à la montée en puissance des partis d’extrême droite au Parlement européen, provoquant en France une crise politique qui a affecté les actifs français.
À Paris, le CAC 40 a reculé de 1,35% à 7.893,98 points. Le Dax de Francfort a baissé de 0,37% et le FTSE 100 de Londres a perdu 0,27%.
L’indice EuroStoxx 50 a diminué de 0,79%, le FTSEurofirst 300 de 0,38% et le Stoxx 600 de 0,35%.
Les marchés européens ont été secoués lundi par la forte progression des partis nationalistes eurosceptiques lors des élections au Parlement européen, notamment en France, où la victoire du Rassemblement national (RN) a créé une onde de choc majeure. Cette victoire a conduit le président Emmanuel Macron à annoncer la dissolution de l’Assemblée nationale et des élections législatives anticipées.
La montée des partis nationalistes eurosceptiques dans le nouveau Parlement européen – malgré une majorité conservée par les chrétiens-démocrates, les libéraux et les socialistes à Bruxelles – et surtout l’incertitude autour des prochaines élections en France, la deuxième économie de la zone euro, ont entraîné une session volatile. L’euro a chuté, les rendements obligataires ont augmenté et les principales catégories du Stoxx 600, y compris les banques, ont clôturé en baisse.
Selon Nicolas Forest, directeur des investissements chez Candriam, bien que les résultats des élections européennes ne soient pas un « game changer », c’est l’incertitude concernant le gouvernement français qui inquiète.
« Il est certain en tout cas que les propositions du président français pour développer l’autonomie stratégique de l’Europe, renforcer sa défense, augmenter son budget ne sortent pas renforcées », ont écrit les analystes d’ODDO dans une note.
Alexandre Baradez, responsable de l’analyse des marchés chez IG France, a averti que dans cette phase de stress politique, « les investisseurs, notamment étrangers, peuvent choisir de réduire leur exposition à l’indice français en attendant d’y voir plus clair ».
Cette incertitude politique vient s’ajouter à un calendrier chargé pour les marchés, avec des données sur l’inflation américaine et la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed) prévues mercredi.
VALEURS
À Paris, les secteurs bancaire, les opérateurs de péage et les sociétés d’énergie ont fortement chuté lundi, affectés par les risques politiques en France.
Les banques françaises Société Générale, Crédit Agricole et BNP Paribas ont perdu respectivement 7,5%, 3,6% et 4,8%.
Les entreprises de construction Eiffage et Vinci ont reculé de plus de 5% chacune, tandis que le fournisseur de gaz et d’électricité Engie a abandonné 3,2%.
A WALL STREET
Wall Street a évolué sans grand changement, la prudence étant de mise avant la publication des données sur l’inflation et la décision de politique monétaire de la Fed, attendues mercredi.
À la clôture en Europe, le Dow Jones a perdu 0,09%, le Standard & Poor’s 500 a gagné 0,09% et le Nasdaq Composite a progressé de 0,25%.
CHANGES
Sur le marché des changes, l’euro a chuté lundi à son plus bas niveau en un mois, s’échangeant à 1,0746 dollar (-0,5%), impacté par les résultats des élections européennes et les incertitudes politiques en France.
« Il y a eu une forte poussée à droite, et maintenant la France va avoir des élections générales, donc il y a juste un peu d’incertitude qui pèse sur l’euro », a déclaré Michael O’Rourke, stratège chez JonesTrading.
Alexandre Baradez, responsable de l’analyse des marchés chez IG, note que la baisse de l’euro face au dollar « ne traduit pas de panique générale, contrairement à ce que l’on avait pu voir lors de la crise de la dette en zone euro, mais une certaine défiance ».
Le dollar a gagné 0,33% face à un panier de devises de référence, soutenu par la réduction des attentes d’une baisse imminente des taux d’intérêt aux États-Unis.
TAUX
Les rendements en Europe ont augmenté lundi, signe de ventes massives, après les élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale en France.
La montée de l’extrême droite et un éventuel changement de politique en France pourraient compliquer les efforts de Bruxelles pour approfondir l’intégration européenne et augmenter la prime de risque pour les obligations des pays les plus endettés.
Le rendement de l’OAT à dix ans a progressé de plus de 12 points de base (pb) à 3,23%, tandis que le deux ans a avancé de 5,2 pb à 3,24%.
En Allemagne, le rendement du Bund à dix ans, référence dans la zone euro, a gagné 5,6 pb à 2,67%.
L’écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes (spread) s’est creusé lundi de 8,5 points de base pour atteindre 56 pb.
Outre-Atlantique, le rendement des Treasuries à dix ans a gagné 3,3 points de base à 4,46%, soutenu par la réduction des attentes de baisse des taux d’intérêt par la Fed.
PÉTROLE
Les prix du pétrole ont légèrement augmenté lundi, soutenus par les espoirs d’une demande accrue de carburant cet été, bien que les gains aient été limités par la hausse du dollar.
Le Brent a progressé de 2,05% à 81,25 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 2,3% à 77,27 dollars.