La présence de Carrefour en Jordanie touche à sa fin. Le géant français de la grande distribution, représenté localement par le franchisé émirati Majid Al Futtaim, a annoncé la cessation de ses activités dans le royaume hachémite. Cette décision, effective à partir du 4 novembre 2024, marque un tournant pour le distributeur et suscite de nombreuses interrogations.
Les 34 magasins Carrefour présents sur le territoire jordanien vont progressivement arborer une nouvelle enseigne : Hypermax. Cette chaîne d’épicerie, déjà présente dans la région, propose une offre plus locale et s’adresse directement aux consommateurs jordaniens. Ce changement stratégique intervient dans un contexte marqué par une intense pression de la société civile.
En effet, Carrefour a été la cible d’une campagne de boycott BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) particulièrement virulente en Jordanie. Accusée de soutenir Israël en raison de son implantation dans ce pays, l’enseigne française a vu ses activités perturbées par des manifestations et des appels au boycott. Si Majid Al Futtaim n’a pas officiellement confirmé que cette pression a été déterminante dans sa décision, il est difficile d’ignorer le lien entre les deux événements.
Au-delà des considérations politiques, des facteurs économiques et stratégiques ont sans doute pesé dans la balance. Majid Al Futtaim, qui évalue régulièrement ses activités, a peut-être jugé que le marché jordanien ne présentait plus les perspectives de croissance escomptées. La transformation des magasins en Hypermax pourrait ainsi s’inscrire dans une stratégie de recentrage sur des formats plus adaptés aux spécificités locales et à un contexte économique incertain.
Le retrait de Carrefour de Jordanie soulève de nombreuses questions sur l’avenir des grandes enseignes internationales dans la région. Les boycotts, de plus en plus fréquents et organisés, représentent un défi majeur pour les multinationales qui souhaitent s’implanter dans des pays à forte sensibilité politique et religieuse. Pour faire face à ces enjeux, les distributeurs devront adopter des stratégies plus souples et plus réactives, en tenant compte des aspirations et des valeurs des consommateurs locaux.