Un revirement important dans le domaine de l’oncologie : AstraZeneca a annoncé le retrait volontaire de sa demande d’autorisation de mise sur le marché auprès de l’autorité européenne du médicament pour son traitement expérimental ciblé contre un type spécifique de cancer du poumon. Cette décision, annoncée mardi, soulève des questions sur l’avenir de ce traitement prometteur, le datopotamab deruxtecan (Dato-DXd).
Développé en collaboration avec le groupe pharmaceutique japonais Daiichi Sankyo, le Dato-DXd avait pourtant suscité de grands espoirs. Plus tôt ce mois-ci, il avait même obtenu la désignation de thérapie innovante (Breakthrough Therapy) par la Food and Drug Administration (FDA) américaine, suite à des résultats encourageants dans le traitement d’une forme de cancer du poumon où d’autres traitements s’étaient avérés inefficaces. Cette désignation de la FDA soulignait le potentiel du médicament à apporter une avancée significative pour les patients en impasse thérapeutique.
Cependant, l’optimisme initial a été tempéré par les commentaires du Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’Agence européenne des médicaments. AstraZeneca a précisé dans un communiqué que sa décision de retirer la demande d’autorisation fait suite à la prise en compte de ces commentaires. La candidature du groupe pharmaceutique reposait sur les données issues de l’étude de phase avancée TROPION-Lung01.
Les résultats de cet essai clinique ont eu un impact négatif sur le cours de l’action AstraZeneca à plusieurs reprises, notamment en septembre dernier. À cette époque, les données publiées avaient révélé que le médicament n’améliorait pas de manière significative les chances de survie des patients atteints de ce type de cancer du poumon. Cette annonce avait alors provoqué une réaction boursière défavorable, reflétant les doutes quant à l’efficacité du traitement.
Le Dato-DXd appartient à une classe de médicaments en développement rapide et considérée comme très prometteuse : les conjugués anticorps-médicament (ADC). Cette technologie innovante combine des anticorps monoclonaux, conçus pour cibler spécifiquement les cellules cancéreuses, avec une chimiothérapie cytotoxique, délivrée directement aux cellules cibles. Cette approche permet de maximiser l’efficacité du traitement tout en minimisant les effets secondaires sur les cellules saines. Malgré cette technologie prometteuse, les résultats mitigés de l’étude TROPION-Lung01 et les commentaires du CHMP ont conduit AstraZeneca à reconsidérer sa stratégie en Europe.
Ce retrait soulève des interrogations sur les prochaines étapes pour le Dato-DXd et son potentiel futur dans le traitement du cancer du poumon. Bien que la désignation de thérapie innovante par la FDA américaine maintienne un certain espoir pour une utilisation potentielle aux États-Unis, l’absence d’autorisation en Europe représente un revers important pour AstraZeneca et pour les patients européens qui auraient pu bénéficier de ce traitement.