Le directeur de l’OTT mise sur l’Open Sky pour relancer la destination Tunisie
Abdellatif Hamam, directeur de l’Office du Tourisme Tunisien (OTT), a partagé avec Tour Hebdo sa perception des développements récents dans le secteur. C’était à l’occasion de l’IFTM Top resa, à Paris, du 20 au 23 septembre 2016.
Tour Hebdo : Lors de votre passage à Paris au printemps dernier, vous misiez sur les ventes de dernière minute pour une reprise de la Tunisie sur le marché français. Pourquoi cela n’a finalement pas fonctionné ?
Abdellatif Hamam : Le marché français enregistrait une hausse de quasiment 12% début juillet puis l’attentat de Nice a sonné l’arrêt des ventes sur notre destination. Quand il se passe au moins six mois sans mauvaise nouvelle, les voyageurs oublient et les réservations repartent.
T.H. : Dans son dernier bilan, le Seto annonce une reprise du marché français sur l’hiver. Pensez-vous que la Tunisie en bénéficiera ?
A.H. : Nous avons en effet une chance de tirer le bénéfice de cette reprise. Les éléments de la sécurité sont là et nous essayons d’être plus subtils qu’auparavant en mettant en place des mesures visibles mais discrètes. Nous avons fait l’erreur de communiquer sur le fait qu’il y avait quasiment un policier derrière chaque touriste, cela angoisse au lieu de rassurer. Nous sommes en apprentissage continu. Quoi qu’il en soit, je peux assurer que le travail de renseignement est très méticuleux et que nous faisons preuve d’une vigilance continue tout en ne cédant pas à la peur.
T.H. : Comment réagissez-vous à l’arrêt de la programmation de la destination par plusieurs tour-opérateurs ?
A.H. : Nous ne blâmons personne. Nous essayons de comprendre et de soutenir les uns et les autres. Nous savons aussi que les tour-opérateurs ont évolué dans leur modèle économique et savent très bien s’adapter à la demande, c’est dans leur propre intérêt. Récemment, TUI a positionné huit avions sur Hurghada alors qu’il ne desservait plus la destination il y a quelques mois. Les TO sont conscients des atouts de la Tunisie : des capacités fortes à travers 200 000 lits mobilisables rapidement, un cadre naturel remarquable et des tarifs très intéressants.
T.H. : Où en est le projet d’Open Sky ?
A.H. : Salma Elloumi Rekik, notre ministre du Tourisme, vient d’annoncer que l’ouverture du ciel tunisien devrait devenir une réalité début 2017. Cela nous permettra notamment d’attirer une clientèle jeune qui a l’habitude de partir en voyage trois ou quatre fois par an en réservant via des OTA comme Expedia.
T.H. : Quelle est votre stratégie concernant l’hôtellerie tunisienne, en souffrance face à une crise qui dure ?
A.H. : Nous avons pour ambition de soutenir les hôteliers qui veulent investir dans la qualité. Une montée en gamme du parc tunisien doit s’opérer rapidement. Certes, les hôteliers sont dans une situation difficile, souvent fortement endettés. Mais cet été, ils affichaient quasiment complet, grâce à trois clientèles principales : le marché local dont les nuitées ont progressé de 30%, les touristes algériens qui vont davantage dans les hôtels que les années précédentes, et le marché russe qui devrait totaliser 600 000 visiteurs d’ici la fin de l’année, soit deux fois plus qu’en 2010.