Pour accompagner la reprise, activer les marchés de capitaux et l’investissement industriel, le gouvernement égyptien a annoncé une relance des privatisations. L’annonce en a été faite par le Premier ministre, Moustapha Madbouli le 15 mai dernier lors d’une conférence de presse au Caire.
Plusieurs secteurs sont concernés par ce plan. Il s’agit notamment de certains gestionnaires d’infrastructures, dont des sociétés exploitant des ports. A cela s’ajoutent des actifs dans le tourisme à savoir des chaînes d’hôtel de premier plan détenues par l’Etat. Peu de détails ont toutefois été donnés par l’exécutif, tant en termes d ‘entreprises que de calendrier.
Dix compagnies d’État et deux détenues par l’armée, institution qui joue un grand rôle dans l’économie, sont concernées par ce plan, selon Mustapha Madbouli. Par ailleurs, seront créés deux holdings regroupant sept ports commerciaux d’une part, et des hôtels de premier plan de l’autre. Ces holdings seraient ensuite en partie introduits à la Bourse du Caire (EGX).
Selon des fuites de documents gouvernementaux cités par la presse égyptienne, les secteurs dans lesquels le pouvoir entend aussi se désengager sont l’industrie textile, le négoce de céréales (hors blé), la construction des ports, l’industrie des engrais ou le secteur de la désalinisation. Un désengagement partiel serait prévu dans la production électrique (renouvelables notamment), la maintenance des transports urbains ou du secteur minier.
Pour rappel, dans un sujet distinct, le gouvernement vient d’attribuer fin mai au groupe Siemens, un méga contrat ferroviaire de 8,1 milliards d’euros qui comprend la maintenance sur quinze ans.
Globalement, l’objectif affiché par le gouvernement est de voir le secteur privé représenter à horizon 2025, 60% des dépenses d’investissement du pays contre 30% aujourd’hui.
Après une grave crise monétaire en 2016, l’Egypte a évité la récession durant la crise de la covid 2019 avec une croissance de 3,6% en 2020 puis 3% en 2021. Le FMI s’attend à 5,9% de croissance cette année et 5% en 2023 mais avec une forte hausse de prix à la consommation (+7,5% cette année).
L’impact de la guerre en Ukraine sur l’approvisionnement en céréales et les autres tensions inflationnistes (énergie…) pèse sur l’économie du pays qui a franchi en 2020 le cap des 100 millions d’habitants et la livre égyptienne s’est brutalement dépréciée de 15% environ en mars dernier.
Un précédent programme de privatisations avait été annoncé en 2016, juste avant la crise monétaire, puis remis sur le devant de la scène, début 2018. Il comprenait une liste de 23 grandes entreprises publiques devant être introduites en bourse dans les secteurs de l ‘énergie (raffinerie Midor, ingénierie ENPPI ) ou de la finance (Banque du Caire…).
Ce précédent plan est resté, pour l’essentiel, au stade de projet. Toutefois, en 2021 la banque commerciale publique Arab Investment Bank (aiB) a été cédée à hauteur de 51% au groupe financier Egyptian Financial Group Hermes Holding (EFG Hermes), constituant la première privatisation bancaire depuis une décennie. Pour sa part, la Banque du Caire, dont l’entrée en bourse a été stoppée en 2020 par la pandémie pourrait être introduite partiellement sur le marché financier cette année.
Dans ce contexte, après trois programmes de soutien du FMI depuis 2016, le pays des Pharaons a, de nouveau, demandé l’appui de l’institution de Washington. Le FMI, le 23 mars, s’est dit prêt à soutenir l’économie du pays présidé par le maréchal Al Sissi. Les comptes du pays affichent, cette année, un déficit public supérieur à 6% du PIB, en légère amélioration et une dette souveraine de plus de 90% de la richesse nationale.