Le constructeur automobile chinois BYD, leader mondial des véhicules électriques, poursuit son expansion en Europe. Après l’implantation de sites de production en Hongrie et en Turquie, l’entreprise envisage la construction d’une troisième usine sur le continent. Selon une source proche du dossier citée par Reuters, l’Allemagne apparaît comme le pays le plus favorable pour accueillir cette nouvelle unité de production.
Une Stratégie d’Expansion Face aux Droits de Douane
Depuis 2024, l’Union européenne a imposé des droits de douane sur les véhicules électriques en provenance de Chine. Face à cette contrainte, les constructeurs chinois cherchent à renforcer leur présence industrielle en Europe afin de contourner ces barrières tarifaires. BYD, déjà bien implanté en Asie et en Amérique latine, voit dans cette expansion un moyen de conquérir de nouvelles parts de marché sur le Vieux Continent tout en réduisant l’impact des restrictions commerciales.
La Chine, premier marché automobile mondial, subit actuellement un ralentissement de la demande. Les constructeurs chinois, à l’instar de BYD, misent sur une production locale en Europe pour accroître leur compétitivité et rivaliser avec les constructeurs historiques du continent.
L’Allemagne : Un Choix Stratégique mais Débattu
Lors d’un entretien avec Automobilwoche en mars, Stella Li, vice-présidente exécutive de BYD, a confirmé que l’entreprise prévoyait l’ouverture d’une nouvelle usine en Europe d’ici deux ans. Bien qu’aucune décision définitive n’ait été prise, l’Allemagne apparaît comme l’option la plus sérieusement envisagée. Toutefois, plusieurs facteurs freinent ce choix, notamment le coût élevé de la main-d’œuvre, les prix de l’énergie, une productivité jugée insuffisante et un manque de flexibilité dans la gestion des sites industriels.
En parallèle, BYD doit composer avec la politique de Pékin, qui encourage les entreprises chinoises à ne pas investir dans les pays ayant soutenu les droits de douane européens. Cette directive exclut donc certaines destinations potentielles, comme la France et l’Italie. En janvier dernier, Reuters a rapporté que des industriels chinois envisageaient de racheter des usines allemandes en difficulté, notamment celles du groupe Volkswagen.
L’Allemagne Multiplie les Incitations
Afin d’attirer les investisseurs étrangers et de soutenir son secteur automobile, moteur de son économie, l’Allemagne mise sur des mesures fiscales attractives et un allègement de la fiscalité des entreprises. Le futur chancelier Friedrich Merz, leader de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), a annoncé des réformes visant à renforcer l’attractivité du pays pour les industries stratégiques, notamment en facilitant l’accès à une main-d’œuvre qualifiée.
Cependant, contrairement à la politique menée sous le gouvernement d’Olaf Scholz, la CDU se montre réticente à accorder des subventions massives. Sous Scholz, près de 10 milliards d’euros avaient été débloqués pour un projet d’usine Intel, aujourd’hui reporté. Reste à savoir si BYD jugera ces nouvelles mesures suffisantes pour concrétiser son implantation en Allemagne.
Une Croissance Exponentielle des Ventes
Les perspectives de croissance de BYD en Europe sont prometteuses. Selon les estimations de S&P Global Mobility, les ventes du constructeur chinois sur le continent devraient plus que doubler en 2025, atteignant 186 000 véhicules, contre 83 000 en 2024. D’ici 2029, ces chiffres pourraient approcher 400 000 unités, renforçant ainsi la position de BYD comme un acteur incontournable du marché européen de la voiture électrique.
Alors que la bataille pour la suprématie dans l’industrie automobile électrique fait rage, l’implantation d’une usine BYD en Allemagne pourrait marquer un tournant stratégique. Entre incitations fiscales, enjeux géopolitiques et compétition acharnée, la décision finale du constructeur chinois sera scrutée de près par l’ensemble du secteur.