Le Français Renault et le Chinois Geely Holding devraient probablement annoncer bientôt un accord pour la production conjointe en Corée du Sud de véhicules hybrides du constructeur chinois et explorer la possibilité d’exporter des véhicules détaxés vers les Etats-Unis, a-t-on appris auprès de trois personnes au fait du dossier.
Cet accord de coentreprise (joint-venture, JV) est sur les rails depuis le début de l’année et recouvre également des opérations conjointes en Chine, ce qui permettra au constructeur français de consolider ses activités à la peine en Corée du Sud, et plus largement sa présence en Asie.
Selon ces sources, Renault, qui a quitté le marché chinois l’an dernier en dissolvant sa coentreprise avec Dongfeng Motor Group pourra se relancer sur le premier marché automobile mondial grâce à cette nouvelle JV cogérée, avec une nouvelle marque centrée sur les véhicules hybrides.
La coopération entre Geely et Renault devrait aboutir à une nouvelle gamme de véhicules hybrides, reposant sur la plate-forme modulaire pour des véhicules de taille moyenne Compact Modular Architecture (CMA) que le constructeur chinois partage avec Volvo et utilise dans ses chaînes de production en Chine, ont précisé ces sources.
Toujours selon ces sources, le groupe au losange se concentrera sur la conception des véhicules, les ventes et le marketing de cette nouvelle marque en Chine.
UNE VOIE VERS LE MARCHÉ US POUR GEELY ?
Pour Geely, l’intérêt de cet accord réside dans le fait qu’il lui permettra d’ancrer sa production en Corée du Sud, en accédant à l’usine d’assemblage que Renault y possède.
Le constructeur français produit et commercialise des véhicules dans le pays depuis plus de deux décennies, via une marque locale avec une unité du conglomérat Samsung.
Selon l’une des sources, l’un des modèles que Geely compte produire dans l’usine de Renault dans le port sud-coréen de Busan est le SUV Lynk & Co 01, actuellement disponible en trois déclinaisons, essence, hybride ou électrique.
Selon les trois sources, l’objectif est de localiser la production de certains modèles de Lynk (les modèles essence et hybrides selon l’une des sources) en Corée du Sud, ce qui suggère que Geely et Renault pourraient faire appel à des équipementiers locaux.
Selon deux sources, cet accord permettrait également à Geely de gagner un accès indirect au marché américain, le deuxième marché automobile mondial, en profitant de l’accord de libre-échange entre la Corée du Sud et les Etats-Unis.
DES VERSIONS RENAULT SAMSUNG DES SUV LYNK
Côté Renault, cet accord permettrait de renforcer l’ancrage du groupe français en Corée du Sud en construisant à Busan des versions Renault Samsung de certains modèles Lynk & Co.
Renault Samsung Motors, dont Renault détient 80%, a connu des difficultés ces dernières années. Les ventes – exportations comprises – ont presque diminué de moitié depuis 2017, pour s’établir à 116.000 véhicules l’an dernier.
Sur l’année 2021, les ventes sur onze mois, à fin novembre, se sont élevées à 120.000 véhicules.
En Chine, Renault et son partenaire d’alliance Nissan avaient le même associé Dongfeng, jusqu’à la dissolution de la coentreprise Renault-Dongfeng l’an dernier.
Renault et Nissan ont depuis longtemps conçu, produit et commercialisé des véhicules ensemble afin de partager les plates-formes et les équipements et composants et de réduire les coûts.
Pour l’heure, il n’est pas encore déterminé dans quelle mesure le partenariat de Renault avec Geely impactera l’alliance Renault-Nissan.