Renault a annoncé lundi une forte hausse de ses ventes aux particuliers en 2021, un des principaux leviers de sa stratégie de redressement financier, ce qui éclipse l’annonce d’une troisième année consécutive de baisse des ventes mondiales en volume à cause des pénuries de semi-conducteurs.
« Renault Group poursuit sa politique commerciale initiée au troisième trimestre 2020 qui conduit à une progression de la part de ses ventes sur les canaux les plus rentables », a souligné le groupe au losange dans un communiqué.
Sur les cinq principaux marchés d’Europe, la part des ventes aux particuliers, plus rémunératrices que les ventes auprès des flottes professionnelles, représente désormais 58%, en progression de près de six points par rapport à 2019, avant la pandémie de COVID-19.
Dacia, la marque low cost du groupe, a même atteint 75% de ventes auprès des particuliers et intègre le trio de tête des meilleurs élèves de la catégorie en Europe, derrière Volkswagen et Toyota.
Vers 11h30, l’action Renault gagne 0,7%, surperformant légèrement l’indice européen des valeurs automobiles (+0,3%).
« La stratégie de ventes rentables plutôt que de volumes fait que le management s’attend à une marge plus forte par véhicules en 2022 », commente Grégoire Laverne, gérant actions chez APICIL.
Sous la houlette de son nouveau directeur général Luca de Meo, le constructeur automobile français a tourné le dos à plusieurs années de stratégie ambitieuse de croissance en volumes pour tenter de redresser sa situation financière.
Le groupe, qui a accusé en 2020 une perte historique de plus de huit milliards d’euros et qui publiera ses résultats financiers 2021 le 18 février, mise aussi sur le segment des voitures de taille moyenne, plus rentable que celui des petites voitures. L’année 2022 sera marquée à ce titre par l’arrivée de la Mégane électrique et du SUV Austral, qui viendront compléter un renouvellement amorcé avec le tout nouveau crossover Arkana.
UN TIERS DE VENTES ÉLECTRIFIÉES
Cette priorité donnée à la rentabilité par rapport aux volumes, conjuguée aux pénuries de puces, a entraîné l’an dernier une baisse de 4,5% des ventes mondiales de voitures et de fourgons du groupe à 2.696.401 unités.
Renault, principale marque du constructeur, a vu ses ventes baisser de 5,3% (-10,5% pour les voitures, +19% pour les fourgons) tandis que celles de la marque coréenne Renault Samsung Motors et de la JV chinoise Jinbei, deux relais de croissance passés, ont chuté respectivement de 36,3% et 41,7%.
La pénurie de composants a privé le groupe de la production de 500.000 véhicules l’an dernier, dont environ 400.000 pour la marque au losange.
« On peut raisonnablement penser qu’en ayant la pleine capacité en terme de production (…) on serait revenu en hausse par rapport à 2020 », a précisé au cours d’une téléconférence de presse Fabrice Cambolive, directeur commercial de la marque Renault.
Dacia, une marque très rentable malgré des prix plus bas, a tiré son épingle du jeu avec une croissance de 3% de ses ventes l’an dernier, tout comme la marque haut de gamme de sport Alpine, qui a signé un rebond de 74%.
Les ventes de véhicules électriques et hybrides, indispensables pour atteindre les objectifs de CO2 et qui contribuent aussi à l’augmentation du revenu moyen par modèle, ont représenté 30% des ventes de véhicules particuliers de la marque Renault l’an dernier Europe, contre 17% en 2020.
En 2022, si les pénuries de puces ne l’entravent pas trop, Renault peut déjà compter sur un portefeuille de commandes historique représentant trois mois de vente.
« Le marché mondial sera au moins stable cette année par rapport à 2021, mais la demande est en hausse », a ajouté Fabrice Cambolive.