Le volume des ventes de Renault est tombé au premier trimestre à son plus bas niveau depuis 13 ans en raison notamment des pénuries de semi-conducteurs et de la perte de son deuxième marché, la Russie, où il a suspendu ses activités en raison de la guerre en Ukraine.
Le groupe au losange, dont les volume ont chuté de 17,1% à 552.000 unités sur la période, a partiellement compensé ce recul par une hausse des prix de ses nouveaux modèles, comme Arkana et Jogger, ce qui a limité à 2,7% la baisse de son chiffre d’affaires, à 9,7 milliards d’euros, sur le trimestre écoulé.
« La création de valeur est au coeur de la stratégie de Renault Group et se reflète dans l’activité du 1er trimestre 2022 », a dit le nouveau directeur financier Thierry Piéton cité dans un communiqué. « Le portefeuille de commandes, à un niveau record, se renforce et bénéficie de nos gammes prometteuses et compétitives de nouveaux véhicules. »
Le chiffre d’affaires est supérieur au consensus Refinitiv, qui donnait 9,6 milliards d’euros.
Après avoir ouvert en hausse, le titre Renault cédait 0,64% à 10h00, surperformant légèrement toutefois l’indice sectoriel européen de l’automobile .SXAP> (-1,17%).
« Renault continue d’afficher des résultats sur sa politique de prix et de rationalisation des modèles, la publication du jour constitue un nouveau pas dans la bonne direction », commente JPMorgan dans une note.
Les difficultés d’approvisionnement en semi-conducteurs ont également contribué à allonger les délais de fabrication et de livraison (le carnet de commandes a atteint un record de 15 ans de 3,9 mois de ventes). Le constructeur a confirmé son estimation d’une perte totale de production de 300.000 véhicules à cause des puces, principalement au premier semestre, contre -500.000 l’an dernier.
Il faut remonter au premier trimestre 2009, en pleine crise automobile liée à la faillite de la banque Lehman, pour retrouver des ventes unitaires aussi basses (495.000 véhicules), à une époque où les ventes de Lada n’étaient pas encore consolidées.
LES NEGOCIATIONS CONTINUENT EN RUSSIE
Tournant le dos à l’ambitieuse stratégie de volumes qui a marqué l’ère de son prédécesseur Carlos Ghosn – qui fait désormais l’objet d’un mandat d’arrêt international – le directeur général Luca de Meo a recentré Renault sur ses modèles et ses marchés les plus rentables afin de redresser la situation financière du groupe.
Renault doit aussi présenter à l’automne son projet de séparation entre ses activités électriques et thermiques afin de se présenter davantage comme un « pure player » de l’électrique.
Les ventes de ces véhicules de la marque Renault en Europe pesaient au premier trimestre pas moins de 36% de ses ventes de voitures, en avance sur le marché et en ligne avec un objectif de 100% d’électrique en 2030.
Au cours d’une téléconférence avec les analystes, Thierry Piéton a souligné que toutes les options restaient sur la table pour le projet de séparation, d’une simple présentation séparée des données des différentes entités à une cotation séparée au second semestre 2023.
L’impact de la Russie, où Renault a suspendu fin mars son activité à Moscou et engagé une réflexion sur l’avenir de sa participation dans Avtovaz, devrait davantage se faire sentir au deuxième trimestre, même si le premier groupe automobile russe dont il est actionnaire de contrôle doit reprendre lundi sa production, au moins pour quelques jours, après la fin d’une période de congés.
Thierry Piéton a indiqué que les négociations avec les autorités russes sur la suite des évènements continuaient et que des progrès étaient enregistrés, sans plus de précision.
Sur les trois premiers mois de l’année, Renault a perdu environ 38.000 ventes en Russie, soit 166 millions d’euros de chiffre d’affaires, mais le pays était encore son deuxième marché derrière la France.