Une nouvelle poussée des rendements obligataires au lendemain des annonces de la Réserve fédérale américaine a permis aux Bourses européennes de terminer en hausse jeudi en favorisant les valeurs financières, tout en faisant monter le dollar et reculer le pétrole.
À Paris, le CAC 40 a gagné 0,13% (7,97 points) à 6.062,79 points et à Londres, le FTSE 100 a avancé de 0,25% tandis qu’à Francfort, le Dax prenait 1,23% et inscrivait un record à 14.804,01.
L’indice EuroStoxx 50 a progressé de 0,46%, le FTSEurofirst 300 de 0,47% et le Stoxx 600 de 0,4%.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait en ordre dispersé, la hausse des financières permettant au Dow Jones de s’adjuger 0,54% tandis que le Standard & Poor’s 500 abandonnait 0,27% et que le Nasdaq Composite reculait de 1,6%, pénalisé par la baisse des valeurs technologiques dont la valorisation est remise en cause par la montée des taux de marché et les craintes d’inflation.
Si la révision à la hausse de la prévision de croissance 2021 de la Fed à 6,5% a été applaudie sur les marchés, le discours toujours très accommodant de la banque centrale américaine n’a pas suffi à convaincre tous les investisseurs que le risque d’un dérapage de l’inflation restait faible, ce qui se traduit par une remontée des taux de marché.
« Si la croissance et l’inflation surprennent à la hausse, la Fed avancera probablement le calendrier de la hausse de ses taux et les prix de marché reflètent ce risque », résument les responsables de la stratégie d’UBS dans une note.
TAUX : Au moment de la clôture européenne, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans affichait une hausse de neuf points de base à 1,731% après avoir dépassé 1,75% pour la première fois depuis janvier 2020.
Sa hausse a ralenti après l’annonce d’une progression inattendue des inscriptions au chômage aux Etats-Unis la semaine dernière.
L’écart entre les rendements des Treasuries à deux et dix ans, considéré comme un bon baromètre des anticipations de croissance et d’inflation, a pris jusqu’à sept points de base pour atteindre 158 points, son plus haut niveau depuis juillet 2015.
Sur le marché obligataire européen, le rendement du Bund allemand à dix ans prenait près de trois points en fin de séance à -0,266%. Son équivalent français est quant à lui brièvement repassé en territoire positif.
VALEURS: Premier bénéficiaire de la hausse des rendements, qui profite à sa rentabilité, le secteur bancaire européen s’est adjugé 1,97% sur la journée, alors que celui de l’assurance progressait de 1,62%. A Paris, Société générale a gagné 3,87%, BNP Paribas 2,34% et Crédit agricole 2,18%. A Francfort, Allianz a pris 2,88%.
Hors zone euro, Credit Suisse a fini en hausse de 2,54% en réaction à l’annonce d’une réorganisation de ses activités de gestion d’actifs, visées par une enquête des autorités de tutelle après la faillite de Greensill Capital.
A Francfort, Volkswagen a fini par subir des prises de bénéfice après un bond de plus de 20% depuis le début de la semaine: le titre perd 3,36% en clôture.
Les sociétés susceptibles de souffrir du durcissement des restrictions sanitaires attendu en France ont souffert: Unibail-Rodamco-Westfield a perdu 3,28%, Elior 6,6%, Maisons du Monde 3,77%.
LES INDICATEURS DU JOUR: Aux Etats-Unis, les demandes initiales d’indemnisation chômage ont enregistré une hausse inattendue la semaine dernière à 770.000, soit 10% au-dessus du consensus.
Plus positif, l’indice d’activité « Philly Fed » a fortement rebondi à 51,8 après 23,1 en février.
CHANGES: Le rebond des rendements obligataires américains permet au dollar de regagner, face aux autres grandes devises, l’essentiel des pertes subies mercredi après les annonces de la Fed.
L’euro est revenu sous 1,1930 dollar après un pic à 1,1988 en tout début de séance en Europe.
La livre sterling, elle, a cédé un peu de terrain après le communiqué de politique monétaire de la Banque d’Angleterre, qui note que les perspectives de reprise économique sont encore floues.
PÉTROLE: Dans le rouge pour la cinquième séance consécutive, le marché pétrolier a creusé ses pertes au fil des heures avec la hausse du dollar, qui amplifie l’impact de l’augmentation des stocks aux Etats-Unis.
Le Brent abandonne 4,56% à 64,90 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 4,89% à 61,44 dollars.