Les actions européennes ont subi vendredi leur plus forte baisse depuis près d’un an et demi et Wall Street se dirigeait vers un recul de plus de 2%, l’apparition d’un nouveau variant du coronavirus soupçonné de résister aux vaccins existants ayant ravivé les craintes pour la reprise économique mondiale, déclenchant un mouvement général de repli sur les valeurs refuges et une chute des cours du pétrole.
À Paris, le CAC 40 a perdu 4,75% (336,14 points) à 6.739,73 points, au plus bas depuis le 27 octobre. A Londres, le FTSE 100 a reculé de 3,64% et à Francfort, le Dax a abandonné 4,15%.
L’indice EuroStoxx 50 a terminé sur une baisse de 4,74%, le FTSEurofirst 300 de 3,74% et le Stoxx 600 de 3,67%, sa pire performance depuis juin 2020.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street creusait ses pertes, le Dow Jones cédant 2,76%, le Standard & Poor’s 500 2,18% et le Nasdaq Composite 2,06%.
Les autorités sanitaires et politiques s’alarment de l’émergence du variant B.1.1.529 du coronavirus SARC-CoV-2, dont les mutations pourraient le rendre résistant aux vaccins, et plusieurs pays d’Europe et d’Asie ont déjà renforcé leurs restrictions de déplacements, sans attendre des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé.
Et les déclarations de Pfizer et Moderna sur leur capacité à développer rapidement un nouveau vaccin si nécessaire n’ont pas suffi à rassurer les investisseurs.
« Cette nouvelle provoque un coup de frein sur les marchés. Peut-être sommes-nous arrivés au moment où les gens vont remettre en cause la reprise économique et la remontée des taux », explique Peter Rutter, responsable des marchés actions de Royal London Asset Management. « Il s’agit davantage de l’émergence d’une incertitude que d’un fait réellement grave mais les marchés n’aiment pas ça. »
La poussée soudaine d’aversion au risque se traduit par une envolée de la volatilité: l’indice du CBOE américain, surnommé « l’indice de la peur », s’envole de près de 50%, au plus haut depuis le 20 septembre.
Les fluctuations sont en outre amplifiées par l’absence d’une partie des investisseurs américains en ce lendemain de Thanksgiving. La clôture des marchés américains sera avancée à 18h00 GMT.
Sur l’ensemble de la semaine, le Stoxx 600 accuse une baisse de 4,53% et le CAC perd 5,24%, leur pire bilan hebdomadaire depuis 13 mois.
VALEURS
La baisse n’a épargné aucun des grands secteurs de la cote européenne mais les replis les plus marqués sont pour celui du transport et des loisirs, dont l’indice Stoxx a chuté de 8,79%, sa pire journée depuis mars 2020, et celui des banques (-6,88%), pénalisé par le recul des rendements obligataires.
Le repli le plus marqué du Stoxx 600 est pour l’organisateur de croisières Carnival, dont le cours a fondu de 16,04%, le plus marqué du CAC 40 pour l’exploitant de centres commerciaux Unibail-Rodamco-Westfield, qui a cédé 11,88%.
Airbus a perdu 11,49%, le motoriste pour l’aéronautique Safran 10,26%. Du côté des banques, Société générale a abandonné 7,06%, BNP Paribas 5,86%.
En hausse, les spécialistes des diagnostics et des tests ont profité de la situation: Eurofins Scientific a bondi de 7,89%, Sartorius Stedim de 7,17%.
TAUX
Les rendements de référence de la zone euro affichent en clôture une baisse d’environ huit points de base, reflet de l’ampleur du mouvement de repli sur les valeurs refuges.
Celui du Bund allemand à dix ans, à -0,338% est ainsi pratiquement revenu à son niveau de vendredi dernier, son équivalent français est retombé sous 0,05% et l’italien sous 1%.
Sur le marché américain, la chute des rendements est encore plus brutale: le dix ans recule de plus de 14 points de base, du jamais vu depuis le début de la pandémie en mars 2020, à 1,4936%.
Le deux ans, le plus sensible aux anticipations d’évolution des taux directeurs, revient à 0,5118%, en baisse de près de 13 points.
CHANGES
Sur le marché des devises, la recherche de sécurité profite avant tout au yen et au franc suisse, tandis que le dollar subit des prises de bénéfice et abandonne 0,68% face à un panier de référence.
L’euro en profite pour remonter au-dessus de 1,13 dollar (+0,87%).
Les cryptomonnaies subissent par ailleurs elles aussi de plein fouet le regain général d’aversion au risque: le bitcoin chute de 7,6% à 54.504,61 dollars, au plus bas depuis la mi-octobre.
PÉTROLE
La baisse des cours du pétrole s’amplifie et atteint désormais une ampleur sans précédent depuis avril 2020, les informations sur le nouveau variant faisant craindre de voir l’offre de brut dépasser durablement la demande mondiale.
Le Brent chute de 11,17% à 73,04 dollars le baril pour revenir à son niveau de mi-septembre et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 12,81% à 68,35 dollars.