Les actions européennes ont réalisé vendredi leur meilleure performance depuis plus d’un an et effacé la quasi-totalité de leurs pertes de la veille, l’ampleur jugée faible des sanctions occidentales visant Moscou et l’évocation de possibles pourparlers entre la Russie et l’Ukraine ayant suffi à rendre confiance aux investisseurs malgré la poursuite des combats.
À Paris, le CAC 40 a gagné 3,55% (231,38 points) à 6.752,43 points. À Londres, le FTSE 100 a avancé de 3,91% et à Francfort, le Dax a pris 3,67%.
L’indice EuroStoxx 50 a fini sur une progression de 3,69%, le FTSEurofirst 300 a bondi de 3,17% et le Stoxx 600 s’est adjugé 3,32%, sa plus forte hausse en pourcentage sur une séance depuis novembre 2020. Il avait cédé 3,83% jeudi après le lancement de l’offensive russe.
Le rebond, déjà marqué à mi-séance, s’est accéléré après les déclarations du porte-parole du Kremlin assurant que la Russie était prête à envoyer une délégation à Minsk, la capitale de la Biélorussie, pour des discussions avec l’Ukraine.
Au même moment, Kiev était pourtant toujours la cible de missiles russes et les troupes de Moscou poursuivaient leur avancée vers la capitale ukrainienne.
Avant les déclarations de Moscou, les investisseurs avaient déjà été rassurés par la portée globalement réduite des sanctions contre la Russie, qui évitent pour l’instant l’exclusion de cette dernière du système international de paiement SWIFT et écartent à court terme tout risque de rupture de l’approvisionnement de l’Europe en gaz naturel russe.
Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi dans le vert, le Dow Jones s’adjugeant 1,74%, le Standard & Poor’s 500 1,62% et le Nasdaq Composite 1%.
Sur l’ensemble de la semaine, le CAC 40 a perdu 2,56% et le Stoxx 600 a abandonné 1,58%, sa septième performance hebdomadaire négative en huit semaines.
VALEURS
La plus forte hausse sectorielle du jour en Europe est pour les services aux collectivités (« ‘utilities »), avantagés à la fois par leur caractère défensif et leur capacité à profiter d’une diversification des approvisionnements énergétiques du continent pour réduire la dépendance à la Russie.
L’indice sectoriel Stoxx a pris 4,75%, RWE 6,07%, Enel 5,77%, Engie 5,1% et EDF 5,76%.
Le compartiment bancaire a quant à lui rebondi de 4,27%.
Les valeurs de la défense sont restées entourées, à l’instar du français Thales (+4,10%) ou du britannique BAE Systems (+3,36%).
Dans l’actualité des résultats, Valeo a chuté de 10,46% après des prévisions à moyen terme jugées décevantes par les analystes et Casino de 12,29% après une baisse de ses bénéfices et une hausse de sa dette en 2021.
Saint-Gobain a au contraire gagné 6,35% après un exercice record.
À Francfort, Volkswagen et Porsche SE ont pris respectivement 5,24% et 3,77% après la présentation des détails de leur accord sur une possible introduction en Bourse de Porsche AG.
LES INDICATEURS DU JOUR
Aux Etats-Unis, les dépenses de consommation des ménages ont augmenté plus qu’attendu en janvier (+2,1%), ce qui pourrait soutenir la croissance du produit intérieur brut (PIB), mais les tensions inflationnistes se sont encore accrues, l’indice des prix PCE affichant sa plus forte hausse en rythme annuel depuis 1982 (+6,1%).
Par ailleurs, les commandes de biens durables hors défense et aéronautique, considérées comme un bon baromètre de l’investissement des entreprises, ont progressé de 0,9% le mois dernier.
Le moral des ménages américains, lui, s’est dégradé pour tomber à son plus bas niveau depuis 2011 selon l’enquête mensuelle de l’université du Michigan.
TAUX
Les rendements obligataires européens ont fini en nette hausse dans le sillage de ceux des bons du Trésor américain: celui du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, affichait en fin de séance un rebond de cinq points de base à 0,219%, revenant à son niveau de mercredi, et son équivalent français montait pratiquement d’autant à 0,708%.
Les investisseurs attendent désormais de savoir dans quelle mesure le conflit en Ukraine influencera la politique de la Banque centrale européenne. La présidente de l’institution, Christine Lagarde, a assuré que la BCE était prête à faire le nécessaire pour assurer la stabilité des prix et la stabilité financière mais il faudra attendre le 10 mars pour connaître ses nouvelles prévisions économiques.
Sur le marché américain, le dix ans s’affichait à 1,9774% au moment de la clôture européenne après être monté à 2,016% juste après la publication de l’indice des prix PCE.
CHANGES
Le dollar est en net recul face aux autres grandes devises (-0,40%) au lendemain de sa plus forte hausse en pourcentage depuis plus de trois mois (+0,99%).
Ce repli s’explique par le regain général d’appétit pour le risque mais aussi par le fait qu’aux yeux d’une partie des cambistes, les chiffres des revenus et dépenses des ménages pourraient inciter la Réserve fédérale à la modération en matière de politique monétaire le mois prochain.
PÉTROLE
Le soulagement sur les tensions géopolitiques qui a favorisé le rebond des actions se traduit aussi par une baisse des prix du pétrole, alors que la tendance était à la hausse en début de séance: le Brent abandonne 2,5% à 96,60 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 2,14% à 90,82 dollars.
Ils étaient montés à 101,99 et 95,64 dollars plus tôt dans la journée.